Double détente, Jim Belushi en équipe avec Schwarzy

Nous sommes à la fin des 80s, en pleine période de buddy movie. Le cinéma d’action américain aime opposer deux personnages principaux dans des enquêtes assez simples. Dans le fond, c’est la relation entre les protagonistes qui fait tout le sel de ce genre de film, entre humour vache et action débridée.

Un duo de choc

En pleine gloire, Arnold Schwarzenegger désirait travailler depuis un moment avec le cinéaste Walter Hill. La prise de risque est néanmoins réelle sur DOUBLE DETENTE. L’idée du cinéaste est de faire jouer un policier russe à l’une des icônes du cinéma d’action. Nous sommes en 1987, et la guerre froide commence à s’apaiser. Les deux pays ne sont plus dans la rivalité et ont décidé d’enterrer la hache de guerre. Sauf que l’acteur a une image et représente à lui tout seul le rêve américain. On décide alors de lui associer Jim Belushi qui connaît le succès grâce aux comédies UN FAUTEUIL POUR DEUX et JUMPIN’ JACK FLASH.

Schwarzy incarne donc Ivan Danko, un policier russe, qui est envoyé à Chicago pour ramener Rostavili (Ed O’Ross), le trafiquant de drogue responsable de la mort de son coéquipier. Le criminel, tombé aux mains de la police américaine dès son arrivée, attend d’être extradé. Mais, durant le transfert, il s’échappe et Danko doit, par la force des choses, s’associer à la police locale pour retrouver le fugitif.
Il fait équipe avec Art Ridzik (Jim Belushi), un policier bougon qui connaît Chicago sur le bout des doigts. Malgré toutes leurs différences, les deux hommes vont devoir se serrer les coudes pour récupérer le criminel et empêcher une transaction de drogue faramineuse.

Pas subtil mais efficace

DOUBLE DETENTE ne s’embête jamais d’une quelconque subtilité. Tout va vite et fort, pur plaisir coupable qu’il est. On peut tout de même souligner la force géo-politique qui s’en dégage puisqu’il y a une véritable envie de la part d’Hollywood de tendre la main envers un pays ennemi depuis des décennies. Certes, le discours n’est pas

véritablement présent, mais le fait de pouvoir tourner sur la place Rouge est déjà une belle preuve d’entente. Le film en lui-même est d’une belle limpidité, entre la rigidité d’un Schwarzenegger monolithique à outrance et un Jim Belushi blasé au ton résolument cynique. Deux mondes qui se confrontent avec un bonheur communicatif.

Certes, l’intrigue ne vole pas bien haut, mais les répliquent cultes fusent (avec d’improbables calembours comme « Danko la balayette » !) et le sens de l’auto-dérision cher à Arnold fonctionne à plein. On constate que cette figure incontournable de films d’action a régulièrement joué avec son image et ce qu’il représentait aux yeux du public. Peut-être est-ce cela qui explique ses succès dans la comédie alors que son rival de l’époque, Sylvester Stallone, a eu parfois eu plus de mal à se renouveler. Dans DOUBLE DETENTE, il arbore une carrure sans émotion qui regarde avec froideur la pornographie en lançant un laconique « capitaliste ». La discipline russe s’oppose à la légèreté (voire passivité) américaine représentée par Belushi. Mais même opposés, c’est ensemble qu’ils vont lutter contre les trafiquants.

DOUBLE DETENTE ne sera pas le plus grand succès de Schwarzenegger au box-office. À noter qu’il est ressorti dans une version 4k très réussie qui expose parfaitement les couleurs avec une nouvelle masterisation bien équilibrée. Dommage que la mise en scène de Walter Hill soit un peu statique et pas toujours bien inspirée…

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