Traffic, le magnum opus de Steven Soderbergh

L’année 2000 restera spéciale et charnière pour le réalisateur Steven Soderbergh. Après avoir explosé en 1989 avec SEXE, MENSONGES ET VIDEO, le cinéaste a connu une décennie constructive qui va ensuite déboucher sur d’importants succès publics et critiques.

Un projet de longue date

Quelques mois après le mémorable ERIN BROCKOVICH pour lequel Julia Roberts a obtenu l’Oscar de la meilleure actrice, Soderbergh revient en toute fin d’année 2000 avec l’un de ses films les plus imposants :

TRAFFIC. Avec cette plongée saisissante sur la lutte antidrogue, le cinéaste met en scène un redoutable scénario écrit par Stephen Gaghan qui adaptait ici la mini-série TRAFFIK de Simon Moore. Soderbergh avait en tête d’aborder ce sujet depuis un long moment sans trouver le projet idoine. Il travaille tout d’abord avec la 20th CENTURY FOX qui accepte de produire le film à une seule condition : la présence au casting d’Harrison Ford. L’acteur accepte et commence même à retravailler le script avec Soderbergh jusqu’au moment où Bill Mechanic quitte le studio. Cet événement met le projet en attente, ce qui force Ford à se tourner vers d’autres rôles.

Multiples casquettes

Le cinéaste se bat et décide d’approcher d’autres studios. C’est UNIVERSAL via sa filiale FOCUS FEATURES qui reprend les rênes en allouant un budget confortable de 48 millions à Soderbergh. Un véritable pari qui s’est avéré gagnant tant TRAFFIC repousse, à l’époque, les limites de la construction scénaristique au cinéma. Le film navigue entre plusieurs genres, s’offrant une esthétique et une narration détonnantes dans un style qui n’était pas encore monnaie courante en l’an 2000. La multiplicité des points de vues permet à l’ensemble de gagner en pertinence et en dynamique. Non content d’être metteur en scène, Soderbergh assure également le rôle de directeur de la photographie et celui de cadreur sous un

pseudonyme nommé… Peter Andrews. À la sortie du film, il s’expliquait sur ses différentes fonctions. « J’ai toujours été intéressé par l’image. J’étais mon propre directeur de la photo lorsque je faisais mes courts métrages. Et en raison du style que je voulais pour TRAFFIC, j’ai pensé que je devais aussi assurer cette fonction. Je voulais une équipe technique la plus restreinte possible. J’aurais eu du mal à expliquer à un directeur de la photo ce que j’avais précisément à l’esprit. Je voulais trois styles visuels distincts correspondant à chacune des histoires.« . Ce style contribue également à la réussite du film : chaque segment possède une ambiance visuelle très affirmée.

Beau succès dans les salles (il rapportera 208 millions de dollars de recettes et rassemblera près de 2 millions de spectateurs français), TRAFFIC marque également une consécration importante pour Soderbergh, celle d’être élue meilleur réalisateur aux Oscars. D’ailleurs, le film en rapportera trois autres : meilleur second rôle pour l’excellent Benicio Del Toro, meilleur scénario adapté et meilleur montage. Désormais, le cinéaste a sa place dans le monde hollywoodien pour tourner ce long-métrage rempli de stars qui deviendra le plus grand succès de sa carrière : OCEAN’S ELEVEN.

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