Henry portrait d’un serial killer, Michael Rooker en psychopathe

Effrayant, malsain, abominable. HENRY PORTRAIT D’UN SERIAL KILLER réalisé par John McNaughton est un choc, le genre de long-métrage qui impressionne par sa faculté à rendre l’irréel, réel. Ce portrait d’un serial killer est aussi romancé que véritable, s’inspirant d’un des pires tueurs de l’Histoire américaine.

Une violence exacerbée

Il n’y a aucune ambiguïté ou suspense chez Henry. Dès les premières scènes, ses crimes nous sont montrés par des images qui résonnent comme des souvenirs. Il s’est récemment installé à Chicago chez son ami Otis, rencontré en prison. Un homme peu recommandable qui va dérailler sévèrement alors que sa soeur emménage chez eux pour fuir son mari violent. Cependant, elle ignore les activités criminelles des deux hommes.

Quasiment filmé comme un documentaire, HENRY est un portrait aussi flippant que déroutant d’un homme fracturé par une enfance difficile. Sociopathe, il n’interagit aucunement avec la société. Il s’en affranchit, vivant dans son propre monde sanglant qui est la représentation même de sa psychologie. Michael Rooker est absolument phénoménal dans ce rôle froid comme la glace. C’est d’ailleurs sur ce point que le film est aussi dérangeant. Le tueur déambule dans la rue, mange des cheeseburgers, travaille (parfois). Il est « normal », jamais placé dans un univers cinématographique. La forme de protection avec laquelle il entoure Becky déstabilise le spectateur tandis qu’une relation particulière s’installe entre eux. Que représente-t-elle pour lui ? On ne saura jamais, mais jusqu’à la fin, on est tenté de croire à sa renaissance mentale. L’ultime séquence nous apportera la réponse…

Une oeuvre avant-gardiste ?

La dénonciation de la banalisation du crime est bien présente, Henry ne s’imposant aucune sorte de limite. La justice ici n’existe pas, tout juste voit-on une interrogation d’Otis pour s’assurer qu’il

garde une bonne conduite hors des murs de la prison. La violence est ainsi malsaine, choquante. Ce passage filmé à la caméra au poing par Henry tandis qu’Otis déshabille sa victime fait froid dans le dos. Cette séquence est d’une force indéniable, le mari étant ligoté au sol et le fils arrivant à l’improviste au beau milieu de ce massacre.

Ce qui est le plus flippant, c’est que cet homme a réellement existé. Henry Lee Lucas fut arrêté en 1983 et admit avoir plus de 300 (!) victimes à son actif dont 160 confirmées par la police. Il ainsi plusieurs actes ignobles à son actif : viol d’enfants, meurtres abominables, nécrophilie et autres crimes atroces qu’il a notamment commis avec son complice Otis Toole.

Le réalisateur John McNaughton poursuivra ensuite sa carrière avec des films bien différents comme MAD DOG AND GLORY avec Robert de Niro, Uma Thurman et Bill Murray. Il renouera avec le thriller pour l’un de ses plus gros succès, SEX CRIMES en 1998.

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