Alamo, l’ultime résistance de John Wayne

Pour sa première réalisation en solo (il avait co-réalisé L’ALLEE SANGLANTE avec WilliamA. Wellman), John Wayne adapte la mode du gigantisme, alors en vogue à Hollywood, à son genre de prédiction, le western. L’acteur américain avait créé au début des années 50 sa propre société de productions nommé BATJAC avec un certain succès. Son statut de producteur lui permet de s’atteler, en toute autonomie et avec un budget considérable, à un projet personnel auquel il réfléchit de puis longtemps.

En 1836, cent quatre-vingt-cinq civils américains insoumis au Mexique, parmi lesquels les légendaires Davy Crockett et Jim Bowie, se sacrifient pour faire face aux assauts des premières colonnes d’hommes des troupes régulières mexicaines en attendant l’arrivée de l’armée texane. Wayne rappelle ici qu’une nation se construit aussi grâce à ses défaites. Il se permet de prendre de grandes libertés par rapport à la vérité historique – en multipliant notamment les anachronismes. Wayne souhaite glorifier le goût de la liberté et le courage du peuple américain, dans un élan patriotique qui prend une signification particulière en pleine Guerre froide. Il veut montrer l’abnégation des hommes à défendre une cause qui leur semble juste, telle que la république ou la liberté.

Wayne réussit un film grandiose bâti à son image, impressionnant, solide et fort de ses convictions. ALAMO allie les moments intimistes et les scènes spectaculaires avec un brio hérité des nombreux grands cinéastes qui l’ont dirigé. Il atteint dans sa dernière partie des sommets de lyrisme et d’émotion. On sent ici toute la maestria visuelle d’un John Ford, le cinéaste qui a bâti en partie la légende du comédien. Ford rendit d’ailleurs visite à son acteur sur le plateau et lui prodigua quelques conseils, mais contrairement aux rumeurs, ne tourna aucune scène lui-même, considérant que Wayne se débrouillait très bien tout seul.

Nous sommes en 1960 et ALAMO a forcément une saveur particulière. On peut le voir aussi comme une métaphore, celle du dernier résistant au nouveau monde qui s’ouvre. Tandis que le western hollywoodien s’apprête à connaître la fin de son âge classique pour entrer dans une période de décadence, John Wayne lui offre un chant du cygne magistral qui referme une époque dorée.

Laisser un commentaire