L’impasse, Al Pacino et la figure du gangster repentant

Quand sort L’IMPASSE en 1994, Brian de Palma n’est pas dans une bonne phase, désespéré par ses deux flops successifs, LE BUCHER DES VANITES et L’ESPRIT DE CAIN. Il souhaite retrouver la bonne formule et renoue alors avec Al Pacino pour mettre en scène une histoire adaptée des écrits d’Edwin Torres, un ancien juge de la Cour Suprême de New-York. 

Brian de Palma et la figure du gangster

Au départ, c’est Al Pacino et le producteur Martin Bregman qui tentent de mettre sur pied une adaptation. Les années défilent et Brian de Palma est contacté, mais ce dernier refuse de faire un autre film de gangster après SCARFACE. Pacino tentera alors d’aguicher Abel Ferrara, mais son regard reste tourné vers de Palma. L’acteur insiste auprès de ce dernier. Il accepte alors de se plonger dans le scénario et estime que les possibilités sont nombreuses pour en faire un bon film, d’autant que la narration est bien éloignée des autres longs-métrages de ce genre. Il accepte la proposition alors que sa vie personnelle est chaotique. Marié et divorcé en à peine deux ans, de Palma pense qu’il lui est impossible de conjugue vie professionnelle et vie personnelle.  Une partie de lui se reconnaît dans le personnage de Carlito Brigante, un homme mort qui revoit et commente certaines images de sa vie pour comprendre comment il en est arrivé là. 

Nous sommes à New-York en 1975. Libéré après cinq ans de prison grâce à son avocat véreux Kleinfield (excellent Sean Penn), Carlito Brigante, ancienne figure du milieu, rentre chez lui dans le quartier espagnol de Harlem. Il souhaite se réinsérer dans la vie et monter aux Bahamas une affaire honnête avec la femme de sa vie. Mais son passé va finir par le rattraper, ce qui va dès lors constituer une menace trop imposante. Mélancolique et plus dramatique, L’IMPASSE n’est pas un film de gangster comme les autres. Il a d’ailleurs désarçonné les spectateurs à sa sortie qui s’attendait à voir la suite spirituelle de l’explosif SCARFACE. Loin de toute pyrotechnie, L’IMPASSE est un véritable drame qui se déroule dans la tête de son personnage principal pour en décortiquer tous les mécanismes. On s’interroge sur la destinée, sur la conséquence que les actes peuvent avoir sur soi-même et son entourage ainsi que sur l’implacable ironie de la vie. On sent un de Palma concerné, puisant dans un scénario d’une richesse incommensurable pour parvenir à mettre en scène un Al Pacino habité. Une sorte d’alter ego situé devant la caméra sur lequel se projette un réalisateur abîmé par la vie.

Un nouvel échec pour le cinéaste

Malheureusement, L’IMPASSE sera un échec au box-office et mettra de nouveau une claque au moral de De Palma. Les spectateurs sont déçus du film et les échos sont si mauvais qu’il termine sa carrière dans l’indifférence générale. C’est difficile à croire aujourd’hui, puisqu’on le considère comme une véritable pépite, mais c’est pourtant une réalité. Comme de nombreux films sortis dans les 90s, c’est la VHS et les vidéoclubs qui ont rendu populaire le long-métrage de De Palma. Mais en 1994, frappé de nouveau par l’échec, il fera face en assurant ses arrières : après une pause de deux ans, il mettra en scène le premier volet de la franchise MISSION IMPOSSIBLE avec la superstar Tom Cruise. Succès garanti. ​

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