Spartacus, Kirk Douglas et la valse des réalisateurs

Stanley Kubrick n’est plus vraiment un inconnu lorsqu’il accepte de réaliser SPARTACUS, mais il n’est pas ce cinéaste incontournable à qui on autorise tout. Cette superproduction sous forme de péplum est avant tout un projet de la star Kirk Douglas qui connaît une histoire assez mouvementée.

Une grande ambition

Adapté du roman d’Howard Fast, SPARTACUS est écrit par un certain Dalton Trumbo, scénariste interdit de travailler dans le milieu du cinéma à cause de son adhésion au parti communiste. Il devra alors écrire sous pseudonyme et sera protégé par Douglas. C’est d’ailleurs ce dernier qui s’investit totalement dans le film, choisissant le casting et le cinéaste qui aura la lourde tâche de porter à l’écran l’ambition démesurée du script. Auréolé du succès de son dernier film, LE PONT DE LA RIVIERE KWAI, David Lean est pisté par Kirk Douglas, mais il refusera le poste. Il a déjà la tête tournée vers un autre projet assez dantesque : LAWRENCE D’ARABIE.

Nouveau changement

Arrive alors Anthony Mann qui vient de mettre en scène son premier film de guerre en 1957, COTE 465. Malheureusement, l’aventure sera de courte durée. À la suite de désaccords entre lui et Douglas, le

réalisateur est licencié au bout de quinze jours. L’acteur pense que Mann ne maîtrise pas totalement son sujet et lui avouera lors de son éviction. Ce ne sera que partie remise entre les deux hommes puisqu’ils se retrouveront en 1965 pour le film LES HEROS DE TELEMARK. Vient alors Stanley Kubrick qui sera engagé en février 1959. De retour aux USA, il a écrit deux scénarios refusés par les majors qui aimeraient plutôt qu’il réalise un western avec Marlon Brando comme vedette. La relation entre les deux hommes est catastrophique. Brando évince le metteur en scène qui va rapidement rebondir avec SPARTACUS. Le tournage dure 167 jours et s’avérera assez dantesque.

Dans son ensemble, le projet ne laissera pas un grand souvenir à Kubrick qui a souffert de ne pas en être l’initiateur. La toute-puissance de Kirk Douglas l’a également gênée, d’autant qu’il n’était pas souvent en accord avec les idées de la star. Quelques années plus tard, il reniera carrément le film. Toutefois, SPARTACUS restera à jamais gravé dans la mémoire des cinéphiles grâce à l’ampleur de son spectacle. Quant à Kirk Douglas, il deviendra alors une star incontournable d’Hollywood.

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