Honkytonk Man, Clint Eastwood et la country

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Sur l’ensemble de sa carrière de cinéaste, Clint Eastwood a toujours oscillé entre films plus ambitieux et films plus intimes. Mais que ce soit d’un côté ou de l’autre, ce sont toujours des projets qui lui ressemblent, des projets dont il a l’envie (et le besoin) de porter à l’écran. HONKYTONK MAN n’est probablement pas son film le plus connu, mais la maîtrise de l’ensemble reste saisissante.

Durant la Grande Dépression, Red Stovall est un guitariste talentueux de country. Sentant qu’il passe à côté de sa carrière, il décide d’entreprendre un voyage en voiture à travers les États-Unis avec son neveu Whit (Kyle Eastwood), ainsi que son grand-père (John McIntire) pour passer une audition au Grand Ole Opry à Nashville, Tennessee. Malheureusement, Red est atteint par la tuberculose et son désir d’enregistrer un disque semble sérieusement compromis. Chemin faisant il fait la connaissance de Marlène (Alexa Kenin), une bonne à tout faire. C’est une piètre chanteuse, mais elle est prête à tout pour quitter son trou et rejoindre Nashville où elle espère faire carrière dans la chanson.

L’émotion de l’ensemble ne dérive jamais vers un aspect larmoyant et plombant, se dirigeant rapidement vers un road-movie entraînant. Eastwood incarne un personnage qui possède une verve saisissante et toujours savoureuse. Red Stovall est un mélange entre la vie de deux célèbres chanteurs de country, Jimmie Rodgers et Hank Williams.

On pourrait dire que ce film est l’anatomie du revers d’un mythe : celui de ceux qui ont servi de modèle au personnage de Red, mais aussi celui d’Eastwood lui-même. Parce que la mise en scène

désigne en permanence cette ambivalence entre cet homme qui s’est rêvé un autre destin et celui qu’il a, qu’il doit subir. Ce qui reste, en fin de compte, c’est l’art. Moins l’art de vivre que celui de transmettre une forme de poésie aux autres. Eastwood procède à l’éloge de la création, elle seule qui ouvre tous les possibles.

HONKYTONK MAN reste (et restera probablement) le film d’Eastwood qui a réalisé le moins d’entrées malgré sa présence au casting. En effet, il n’a attiré que 50 371 spectateurs en 1983. Il se retrouve avant-dernier, juste devant BREEZY et ses 15 364 entrées (auquel Eastwood n’avait pas de véritable rôle puisqu’il apparaît juste pour une courte apparition).

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