Rollerball, le cauchemar de McTiernan

N’ayons pas peur des mots : John McTiernan est l’un des meilleurs réalisateurs des 80s-90s. Un cinéaste talentueux qui n’a jamais été véritablement reconnu à sa juste valeur par ses pairs. Certes, beaucoup de ses films ont été réhabilités aujourd’hui, mais surtout par les cinéphiles. C’est difficile à croire, mais les succès de DIE HARD et DIE HARD 3 ont été attribués au statut de Bruce Willis, pas à la superbe mise en scène de McTiernan. Autre exemple, LAST ACTION HERO, objet culte aujourd’hui, raillé à sa sortie pour être le premier faux pas d’Arnold Schwarzenegger. 

Une production chaotique

Certes, son style est plus discret que d’autres, mais s’avère déterminant dans la réussite globale de sa filmographie. Alors que lui est-il arrivé sur ROLLERBALL, désastre artistique qui semble complètement déconnecté de son auteur ? Dès le départ, ce remake du superbe film réalisé par Norman Jewinson en 1975 part mal. Les producteurs veulent faire exploser le compteur de plans, pompant au maximum la nouvelle tendance du blockbuster qui est de multiplier les coupes au montage.

Remplis de certitudes, les financiers exigent plusieurs conditions qui vont fortement déplaire au cinéaste. En bon diplomate, il aura fait quelques concessions sur ses précédents films, mais là, rien ne passe. Deux visions qui s’opposent et qui vont accoucher d’un horrible long-métrage qui provoque encore l’incompréhension dix-neuf plus tard. Bien sûr, les histoires d’espionnage vont entretenir la légende de cette production cauchemardesque (McTiernan a engagé un détective privé afin de surveiller les propos du producteur Charles Roven. Il sera d’ailleurs lourdement condamné pour cet acte qui marquera la fin de sa carrière).  

Une tension palpable

Tout le monde sur le plateau est désarçonné. Le tournage se déroule sous tension, les producteurs remarquant que McTiernan ne suit pas exactement le cahier des charges. La sentence est impitoyable lorsque vient la projection test à Las Vegas en 2001 : ils veulent retourner une bonne partie du film. Réécritures, remontage, nouvelles journées de tournage. ROLLERBALL est déjà une catastrophe industrielle. Le réalisateur lui-même ne sait plus où il veut aller. Son propos se fond dans un divertissement de médiocre qualité qui expurge

complètement la critique cynique que le cinéaste avait mis en place initialement. La simplification de celle-ci se résume à un basique affrontement entre riche et pauvre. Finalement, on se dit que le film ne possède qu’un seul intérêt : ses cinq premières minutes, le seul instant où l’on pense admirer le nouveau film d’action de McTiernan. 

Avec son budget de 80 millions de dollars, ROLLERBALL n’amassera que 25,7 millions. Un véritable four. Le cinéaste enchainera avec BASIC (où il réunit John Travolta et Samuel L.Jackson), puis s’éloignera définitivement des plateaux de cinéma pour partir vers un autre combat : ses propres démêlés judiciaires. 

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