Blow Out, une leçon de mise en scène signée de Palma

Un an après le sublime PULSIONS, Brian de Palma enchaîne avec un deuxième sommet pour une période dorée qui avait commencé sept ans plus tôt avec PHANTOM OF THE PARADISE. Dans BLOW OUT, il confirme la précision de sa mise en scène ainsi que sa rigueur narrative pour aboutir à un véritable chef-d’oeuvre.

Une obsession qui vire au film

Le succès du film PULSIONS lui ouvre les portes de nombreux projets comme le long-métrage FLASHDANCE et un certain PERSONAL EFFECTS qui deviendra donc BLOW OUT. Obsédé par l’assassinat du président Kennedy, il trouve dans cette histoire la possibilité de narrer un film du point de vue d’un témoin qui détiendrait la preuve d’un tel crime. Après avoir écrit le scénario, de Palma a l’idée d’une fin qui pourrait tout changer et la conserve donc dans le script final. Cet épilogue est d’ailleurs rentré dans l’Histoire.

Pour incarner son personnage principal, le cinéaste désire ardemment recruter Al Pacino, mais l’agenda de ce dernier n’est pas compatible. Il doit s’avouer vaincu et se tourne donc vers John Travolta avec lequel il avait déjà travaillé sur CARRIE. Enthousiaste, il accepte. Une idée s’insère alors dans la tête des producteurs : recruter Olivia Newton-John pour le rôle féminin, BLOW OUT regroupant par la même

occasion le célèbre duo de GREASE. Idée immédiatement refusée par de Palma qui se verra proposé Nancy Allen par… John Travolta. Nancy Allen était l’épouse du cinéaste à l’époque et ce tournage fut celui de trop pour le couple qui divorça peu de temps après.

BLOW OUT démarre donc ses prises de vues avec un synopsis solide et de belles promesses devant lui. Un soir, dans un parc, Jack Terry (John Travolta), ingénieur du son, enregistre des ambiances pour les besoins d’un film. Il perçoit soudain le bruit d’une voiture arrivant à vive allure. Un pneu éclate. Le véhicule fou défonce le parapet et chute dans la rivière. Jack plonge et arrache de la mort une jeune femme, Sally (Nancy Allen). Mais le conducteur est déjà mort…

Un homme inspiré

En ayant pour référence le BLOW-UP de Michelangelo Antonioni et CONVERSATION SECRETE de Francis Ford Coppola, Brian de Palma se lance dans ce projet en y rajoutant un aspect politique ancré dans son époque. Poignant dans son grand final, BLOW OUT est un véritable chef-d’oeuvre de mise en scène, une leçon de cinéma. La fusion avec la composition musicale signée Pino Donaggio est exceptionnelle, sans parler de l’interprétation fiévreuse de John Travolta dans l’un de ses meilleurs rôles. Tout est présent pour que ce film soit un énorme succès au box-office, notamment grâce à la présence de Travolta qui est une immense star à l’époque. Le flop fut encore plus retentissant et douloureux. De Palma aura beaucoup de mal à se remettre de cet échec qu’il vit comme une humiliation. La critique lui tombe sévèrement dessus et le public ne répond pas présent.

Quarante ans plus tard, l’aura de ce chef-d’oeuvre n’est plus à démontrer. Pour beaucoup de cinéphiles, c’est même la plus grande oeuvre du cinéaste, celle où il a exploité tous ses talents avec une passion évidente.

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