Troie version director’s cut, l’épopée ultime de Wolfgang Petersen

Il y a des films qui marquent plus d’autres, certains que l’on aime à leur juste valeur, d’autre qu’on aime par plaisir et inversement. Quelques-uns qu’on déteste pour de bonnes raisons puis ceux qu’on déteste parce qu’ils ne correspondent pas à ce qu’on voulait voir. Le TROIE réalisé par Wolfgang Petersen est une oeuvre discutée et discutable. Et en particulier si on prend en compte la dimension mythologique du récit (inspiré dans les grandes largeurs de L’ILLIADE de Homère). Son épopée est réaliste et ne laisse pas la place à des créatures mythologiques et autres actions visibles des Dieux.  S’intéressant à la place de l’Homme face à ses grandes croyances et le mettant en face de ses besoins de grandeur, Petersen signe une fresque hallucinante qui prend toute son ampleur dans sa version DIRECTOR’S CUT. 

Dans les bonus, le cinéaste dit quelque chose d’intéressant : il affirme que cet allongement offre à son histoire le temps qu’elle mérite. C’est bien ce qui frappe le plus dans ces quarante minutes rajoutées. Les regards, les gestes, la tension qui émane d’avant une bataille, la chute de certains hommes qui se taillent un costume trop grand pour eux, TROIE devient une véritable fresque à la dimension nouvelle là où sa version cinéma privilégiait les batailles et le rythme. 

En revisitant le péplum ainsi que les grandes démesures du cinéma d’antan où les décors étaient immenses et les combats épiques, Petersen offre plus de trois heures de spectacle total. Il parvient, à chaque instant, à rendre ces hommes parfois attachants, parfois détestables. La mort règne partout et Achille de devenir le guerrier, le mythe et la légende. Incarné par un Brad Pitt impérial, il est la figure centrale d’une oeuvre qui décortique une vision pessimiste du monde, s’incarnant dans d’autres figures comme Hector (Eric Bana), alter ego d’Achille. Les deux hommes font d’ailleurs l’objet de quelques points de montage édifiants où leurs regards se croisent dans ces moments d’attente plus meurtriers que la bataille en préparation. 

Puis, il y’a ce que la version cinéma n’a pas montré : les massacres. Bien plus violent, le director’s cut est véritablement terrifiant dans son dernier acte où la brutalité des grecs est exposée en plein cadre : des bébés jetés dans les airs, des femmes éventrées, des dizaines de personnes brûlant vives, des égorgements sanglants, des tortures en tous genres… le cinéaste ne fait aucune concession. TROIE est devenu un nouveau film. Pas qu’on n’aimait pas la version initiale, au contraire, mais on a cette fois l’impression d’avoir assisté à un vrai grand film. Une oeuvre homérique qui s’inscrit dans son époque aux côtés de GLADIATOR (Ridley Scott) et ALEXANDRE (Oliver Stone).​

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