Mars Attacks, Tim Burton s’attaque aux Aliens dans un pastiche délirant

Avec ED WOOD, c’est la première fois qu’un film de Tim Burton ne rentrait pas dans ses frais. Couronné de succès jusque là, le cinéaste n’avait récolté que 5 petits millions avec son précédent long-métrage pour un budget de 18 millions. Qu’importe, la Warner Bros. désire poursuivre l’aventure avec lui en produisant son nouvel opus, le dénommé MARS ATTACKS !

Une idée folle

Avec son fidèle collaborateur scénariste, Jonathan Gems, Burton écrit ce projet qu’il voit comme une parodie de la SF des années 50, nouant plusieurs liens avec l’une des oeuvres phares de cette époque, LA GUERRE DES MONDES. Pour présenter le projet au studio, Burton montre des cartes à collectionner Topps datant de 1962, représentant des dinosaures et des martiens. Les deux hommes ont la volonté d’offrir au film un look ringard et parodique tout en respectant totalement l’univers dans lequel il plonge. Avec MARS ATTACKS, le cinéaste s’éloigne de son univers gothique et macabre pour entrer dans un monde coloré et délirant où les Martiens opèrent un jeu de massacre jouissif.

Coûtant la bagatelle de 70 millions de dollars, MARS ATTACKS rassemble l’un des castings les plus dingues de l’époque. Jack Nicholson, qui avait beaucoup apprécié sa collaboration avec le cinéaste sur BATMAN, accepte immédiatement la proposition. Se cumulent ensuite Pierce Brosnan (en plein pic de popularité grâce à James Bond), Glenn Close, Annette Benning, Danny DeVito (que le cinéaste retrouve également après BATMAN, LE DEFI), Sarah Jessica Parker, Natalie Portman, Rod Steiger, Pam Grier et Michael J.Fox. Ce dernier souffrait déjà des symptômes de la maladie de Parkinson d’une gravité lente mais régulièrement croissante. Le comédien a d’ailleurs beaucoup de mal à contrôler sa maladie lors du tournage de plusieurs séquences, mais Burton utilisera habilement certains gestes ou expressions pour renforcer sa peur contre l’envahisseur. Celui-ci devait d’ailleurs être animé en stop-motion par

l’animateur Barry Purves pour rendre hommage au style cher à Ray Harryhausen. Malheureusement, après de nombreux tests, l’utilisation de cette technique aurait fait grimper le budget à 100 millions de dollars ! Burton dû abandonner l’idée et se contenter d’une modélisation numérique des Extra-terrestres.

Un nouvel échec au box-office

Retrouvant Danny Elfman à la BO (celui-ci n’avait pas signé la musique du film ED WOOD suite à une brouille avec le cinéaste sur L’ETRANGE NOEL DE MONSIEUR JACK), Burton signe ici un film complètement qui va désarçonner un peu tout le monde, que ce soit le grand public ou ses aficionados. L’humour y est dévastateur et l’ironie aussi : ce sont les enfants qui sauvent la planète, plus clairvoyants que des adultes tous plus ou moins timbrés. Il s’en donne à coeur joie pour bousculer ses compatriotes et offrir à ses acteurs un terrain de jeu propice au cabotinage. Toutefois, Burton ne pourra jamais aller au bout de ses intentions, la faute à un studio qui pousse le réalisateur à en finir au plus vite afin de profiter du phénomène INDEPENDENCE DAY qui cartonne en salles. MARS ATTACKS devait sortir en 1997, mais s’offrira finalement une exploitation en décembre 1996, soit cinq mois après la sortie du film de Roland Emmerich. La logique des studios est parfois étrange, tant les deux longs-métrages diffèrent l’un de l’autre… Quoi qu’il en soit, MARS ATTACKS sera un lourd échec au box-office avec 101 millions de dollars récoltés (dont un petit 37 millions aux USA), même si la France lui réservera un bel accueil (2,1 millions d’entrées). Cet échec va contraindre Burton à se tourner vers un autre studio pour son prochain projet nommé SLEEPY HOLLOW…

Laisser un commentaire