Sean Penn a toujours été insaisissable. Une force qui lui a régulièrement mis à dos la presse et une partie du public. Pourtant, sa filmographie regorge d’oeuvres inoubliables dans lesquelles ils livrent de remarquables prestations. Face au terrifiant Christopher Walken, il est impérial dans COMME UN CHIEN ENRAGÉ, un film sombre qui a pris de la valeur au fil des années suite à son échec en salles.
Un terrible fait divers
Brad Jr. (Penn) vient de quitter l’école et s’ennuie dans sa petite ville de Pennsylvanie. Il revoit son père, Brad Sr. (Walken), qui a depuis longtemps quitté sa famille pour vivre en bande avec ses copains avec lesquels il a monté un gang de vols de véhicules. Brad Jr., de plus en plus admiratif, finit avec un groupe de copains par faire la même chose. Encouragé par les aînés, le jeune gang vole des tracteurs. Le drame éclate lorsque la police s’en mêle. Réalisé par James Foley (qui n’avait alors réalisé qu’un seul film deux ans plus tôt, le dénommé RECKLESS), COMME UN CHIEN ENRAGÉ s’inspire d’un fait divers qui a défrayé la chronique en 1978. L’idée d’en tirer un long-métrage vient rapidement tandis que le défi consiste à choisir les bons comédiens, surtout pour le rôle du monstrueux Brad Sr.
L’importance des comédiens
Grand spécialiste de ce genre de rôle puissant et violent, Robert de Niro est d’abord envisagé pour incarner le patriarche. Après réflexion, le comédien refusera le rôle, trouvant ce dernier beaucoup trop sombre. Finalement, Christopher Walken sera choisi, lui qui avait déjà obtenu l’oscar du meilleur second rôle dans le remarquable VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER. Depuis, sa carrière a décollé entre un autre chef-d’oeuvre (LA PORTE DU PARADIS), une adaptation de Stephen King (THE DEAD ZONE) et un rôle d’antagoniste dans un JAMES BOND (le psychopathe Max Zorin pour DANGEREUSEMENT VOTRE). COMME UN CHIEN ENRAGÉ restera tout de même un film charnière dans sa carrière, James Foley utilisant le
physique si particulier du comédien avec brio. Dans un croisement entre ange et démon, tout est défini ici par les relations qu’il entretient avec un fils fasciné par l’aura de son paternel. Sean Penn se dépasse ici et affirme ce qui constituera la suite de ses prestations : une énergie électrique emportée par un mauvais esprit assumé. Toujours à la limite de la ligne rouge, volontairement cabotin et doté d’un côté bad boy aussi captivant que révulsant.
En digne héritier des grands Nicholas Ray et Elia Kazan (son fils, Nicholas Kazan, coécrit d’ailleurs le script), James Foley livre ici un regard captivant sur la jeunesse américaine des 70s tout en mettant en scène l’affrontement entre un père et un fils. Porté par la superbe partition de Patrick Leonard, COMME UN CHIEN ENRAGÉ est l’une des oeuvres les plus marquantes des 80s.
