Signes, Mel Gibson dans le cinéma mystique de M.Night Shyamalan

SIGNES marque la fin d’une ère, indubitablement.La période dorée de Mel Gibson s’achève ici, dans ce film de genre concocté par le nouveau génie d’Hollywood, M.Night Shyamalan. En deux films (SIXIEME SENS et INCASSABLE), il a cassé la baraque. Son nouveau film qui narre une invasion alien est forcément très attendu : comment ce cinéaste si particulier va-t-il s’emparer d’un sujet de cinéma aussi commun ? De plus, il va diriger ici l’autre grande star des deux dernières décennies après avoir offert deux des plus beaux rôles de sa carrière à Bruce Willis.

Une histoire intimiste

La famille Hess, établie à Doylestown, dans le comté de Bucks en Pennsylvanie, traverse une bien sombre période. Après la mort de sa femme dans un accident de la route, le père, Graham Hess (Gibson), a perdu la foi et rendu sa charge de pasteur. Tout en s’occupant de sa ferme, il tente d’élever de son mieux ses deux enfants, Morgan et Bo (Rory Culkin et Abigail Breslin), aidé de son jeune frère Merrill (Joaquin Phoenix), une ancienne gloire du baseball. Un matin, la petite famille découvre dans ses champs de gigantesques agroglyphes. D’abord convaincus d’un canular, Graham et Merrill s’aperçoivent que quelque chose les épie et rôde dans leurs champs la nuit. Très vite, les Hess doivent se rendre à l’évidence : ces mystérieux agroglyphes ne sont pas le fruit d’un quelconque hasard, mais les signes d’une invasion extraterrestre imminente. Forcément, en cumulant plus de 930 millions de dollars de recettes (avec 130 millions de dollars investis, c’est ce qu’on appelle une bonne rentabilité), Shyamalan obtient un budget confortable de 62 millions de dollars (dont près d’un tiers revient à Mel Gibson) et se retrouve libre pour réaliser le film qu’il veut. Fasciné par ces « crop circles », le cinéaste confronte la SF pure avec des traumas humains, confrontant ces étranges phénomènes à un homme qui affronte ses propres démons.

Le plus grand succès de Mel Gibson

SIGNES va déstabiliser, mais aussi marquer les esprits. Moins sensationnel que SIXIEME SENS, moins pop que INCASSABLE, SIGNES reste une oeuvre hors normes, mystique et intimiste. Pas de destruction

massive ici, mais un récit qui s’insinue en vous avec force. Mel Gibson, encore parfait dans un rôle profond et ambivalent, domine son sujet. Evidemment, le film est un carton : 408,4 millions de dollars rapportés. Ce score reste encore aujourd’hui le plus gros de toute la carrière du comédien devant CE QUE VEULENT LES FEMMES (372,2 millions) et L’ARME FATALE 3 (321,7 millions). Une performance impressionnante qui marque donc la fin d’une époque. Après cela, il y aura l’épisode de LA PASSION DU CHRIST et celui des controverses. Entaché par quelques scandales, Gibson devra se retirer durant plusieurs années à cause de propos antisémites et d’une trop grande dépendance à l’alcool. Il faut souligner aussi que M.Night Shyamalan vit également ses dernières heures d’immunité. Le Golden Boy va renverser son monde avec LE VILLAGE deux ans plus tard et entamer par la suite une traversée du désert artistique.

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