A history of Violence, quand David Cronenberg plonge dans l’horreur moderne

Avec LES PROMESSES DE L’OMBRE, autre film porté par le magnétique Viggo Mortensen, et A HISTORY OF VIOLENCE, David Cronenberg a mis en scène un dyptique sur les méandres de la violence et des conséquences que celles-ci impliquent, autant pour le bourreau que pour sa victime. 

David Cronenberg et la violence

Basé sur un roman graphique écrit en 1997 par John Wagner avec des dessins de Vincent Locke, A HISTORY OF VIOLENCE est transformé en scénario par Josh Olson. Pour l’anecdote, David Cronenberg ignorait que l’histoire était inspirée d’un travail déjà réalisé. Après l’étonnant SPIDER, le cinéaste désire poursuivre son exploration de la psyché humaine en confrontant ses personnages à un univers brutal. C’est pour cela qu’il est important de rapprocher le film avec LES PROMESSES DE L’OMBRE car, thématiquement, les deux oeuvres se rapprochent. En effet, avec ce diptyque, Cronenberg montre comment la violence se transmet dans une famille, comment celle-ci essaie de s’isoler dans une bulle contre un monde violent. 

Selon Olivier Pourriol, philosophe et auteur de CINEPHILO décrit également le film comme « une grande oeuvre d’amour et un beau film sur la famille« . Il va plus loin dans sa qualification du long-métrage. « Pour moi, c’est le chef-d’oeuvre de Cronenberg qui regroupe son amour des films de genres, qui se croisent, tout cela traité au niveau le plus intime et en même temps au niveau le plus épique. Le film raconte l’histoire d’un homme qui doit quitter sa famille pour la retrouver et la trajectoire est extraordinaire« . On ne pourrait être en désaccord avec cette analyse. A HISTORY OF VIOLENCE semble dessiner un contour commun au centre d’enjeux plongeant son protagoniste dans un autre monde, celui de son passé tout en posant cette question fascinante et effrayante : un homme ou une femme peuvent-ils soudainement commettre un crime après une vie de vertu, ou bien le mal se répand-il de génération en génération ?

Viggo Mortensen au sommet

Rarement ce thème aura été si bien approché. Viggo Mortensen, artiste complet et cérébral, prête ses traits à un homme rempli de fêlures qui tente tant bien que mal de suivre une existence ordinaire. C’est aussi grâce à lui que la bascule s’opère, grâce à ce visage d’une beauté ambiguë  Cronenberg profite de l’aura protectrice que le comédien possède sur le spectateur (grâce à son personnage d’Aragorn dans la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX) pour mieux déjouer les attentes. Il change sa mise en scène avec une modification du rythme des plans et un changement d’objectif qui permet une plus grande introspection. « Je désirais pour ce film cette sensation de proximité pour que les spectateurs soient complices. Je veux en effet qu’ils soient favorables à cette violence, parce qu’ensuite en en voyant les conséquences, ils se rendent compte de ce que cela implique« . 

Passionnant et poignant, A HISTORY OF VIOLENCE est certainement l’un des films les plus importants de ces dernières années. ​

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