Postman, l’oeuvre mégalomane de Kevin Costner

S’il l’a fait, c’est qu’il pouvait bien se le permettre. Kevin Costner est une star dans les 90s et peut tout oser. Mais il y aura clairement un avant et un après POSTMAN, sa deuxième réalisation pour laquelle l’artiste n’a pas hésité à prendre le contrôle créatif dans sa totalité.

Un retour aussi attendu que redouté

Ainsi, sept ans après le triomphe absolu de DANSE AVEC LES LOUPS, Costner reprend la caméra. L’annonce déclenche forcément une hystérie et une attente démesurée de la part des professionnels et

des cinéphiles… mais aussi beaucoup de craintes et questions. En effet, le naufrage de WATERWORLD a quelque peu égratigné l’aura du comédien. Son retour se fera avec le roman acclamé écrit par David Brin en 1985, POSTMAN, qui plonge dans un futur sombre. En 2013, le monde est dévasté à la suite de la Troisième Guerre mondiale de 1997, qui a vu l’émergence d’un mouvement totalitaire mené par Nathan Holn, le Mouvement Holniste, les rares survivants vivent comme ils peuvent sur les restes de la civilisation disparue. Le général auto-proclamé Bethlehem (Will Patton) à la tête de l’Armée Holniste a imposé son pouvoir tyrannique par la violence. C’est alors qu’un un voyageur solitaire (Costner) — qui a endossé un uniforme du United States Postal Service à l’origine pour pouvoir manger en se faisant passer pour un facteur des États-Unis Restaurés — va initier un mouvement d’espoir au travers des « Courriers », membres du nouveau service postal.

Un échec brutal

Un projet hyper ambitieux donc qui ne fait absolument pas peur à Kevin Costner, un habitué des grosses productions. La Warner Bros lui sert 80 millions de dollars, rien que ça. Il veut que POSTMAN soit SON grand succès, faisant oublier les dérives de WATERWORLD (dont il a pris clairement le contrôle). Pour cela, il charrie de grandes émotions et désire toucher le plus large public possible. Ainsi, son film s’avère assez formaté et plutôt consensuel, ce que les critiques de l’époque qualifieront de « niais ». Il y a pourtant une grande ambition visuelle et une volonté de créer une sorte de western moyenâgeux dans un décor post-apocalyptique. Costner met en scène toutes ses obsessions tout en étirant son film dans une longueur

démesurée (trois heures !). Il se veut résolument optimiste, se concentrant notamment sur la nécessité de créer une grande civilisation grâce au courage et une bonne dose d’espoir. Sa naïveté sera littéralement démolie par les critiques qui vont conspuer POSTMAN lors de sa sortie.

Personne ne louera son ambition visuelle, mais beaucoup lui reprocheront sa mièvrerie et le public ne suivra pas. Ainsi, POSTMAN va devenir l’un des pires échecs de toute l’Histoire de la Warner. Avec 27 millions de dollars rapportés (dont un triste 17 millions aux USA), les pertes financières sont énormes pour le studio. Après l’échec monumental de WATERWORLD puis celui de POSTMAN, l’acteur ne peut décemment plus continuer à obtenir tout ce qu’il veut. Ainsi, la suite de sa carrière sera beaucoup plus difficile, les grosses productions ne lui étant plus réservées (même en tant qu’acteur, la faute à un comportement pas toujours facile à gérer). Il réalisera néanmoins un troisième film, plus apprécié cette fois : un western pur nommé OPEN RANGE.

Laisser un commentaire