Nous étions soldats, Mel Gibson en pleine guerre du Vietnam

Au début des années 2000, Mel Gibson est encore au sommet de sa popularité, venant d’enchaîner avec deux succès massifs (THE PATRIOT et CE QUE VEULENT LES FEMMES) et parvenant à faire monter des projets sur la seule force de son nom comme NOUS ETIONS SOLDATS, une production à 75 millions de dollars lancée par la Paramount Pictures.

Immersion et violence

Après la défaite française en Indochine, les États-Unis se préparent à intervenir au Vietnam. Le lieutenant-colonel Hal Moore (Gibson) secondé du sergent-major Plumley (Sam Elliott) reçoit de nouveaux officiers qu’il forme et entraîne, il explique quelle va être la tactique employée au Vietnam : la rotation d’hélicoptères. Moore va commander le 7e de cavalerie, le légendaire régiment de Custer durant les guerres indiennes. Une fois au Vietnam, Moore se rend compte que les enseignements de la guerre d’Indochine n’ont pas été pris en compte, notamment à cause du manque de renseignement et de la méconnaissance du terrain. En novembre 1965, durant la bataille de la Drang (premier affrontement significatif de la guerre du Viêt Nam entre les forces américaines et nord-vietnamiennes), le 7e de cavalerie combat avec 400 hommes dans une clairière, encerclée par plus de 4 000 soldats ennemis.

Malgré la somme importante d’oeuvres concernant la Guerre du Vietnam, NOUS ETIONS SOLDATS parvient à changer de regard sur ce conflit traumatisant. L’histoire est inspirée par le livre de Joseph L.

Galloway et Harold Moore qui ont vécu l’événement narré respectivement en tant que journaliste et lieutenant-colonel. Au début des années 90, le réalisateur Randall Wallace découvre cet ouvrage qui le marquera durablement. À tel point qu’il décide d’en acheter les droits avec son argent personnel, sans qu’aucun acteur ou société de distribution ne soit encore attaché au projet. Sa carrière va soudainement décoller en 1995 lorsqu’il signe le script de BRAVEHEART que réalisera… Mel Gibson. Il rédigera ensuite le scénario de L’HOMME AU MASQUE DE FER avec Leonardo DiCaprio et en assurera même la réalisation. Puis il connaîtra à nouveau le succès en écrivant PEARL HARBOR. C’est alors le bon moment pour lancer son projet rêvé : la Paramount accepte de financer le film, mais veut une vedette dans le rôle principal. Wallace pourra compter sur Mel Gibson qu’il retrouvera d’ailleurs des années plus tard en tant que scénariste sur LA PASSION DU CHRIST et TU NE TUERAS POINT.

Grosses ficelles et scènes épiques

Si NOUS ETIONS SOLDATS semble parfois suranné dans sa façon d’aborder la guerre, il n’en demeure pas moins qu’il est d’une efficace assez frappante notamment grâce à quelques séquences d’action assez magistrales et brutales (parfois même insoutenables). Pour les mettre en boîte, plusieurs objectifs étaient utilisés pour une même scène, ce procédé permettant d’enchaîner les échelles de plan, entre des cameramen placés au coeur de l’action et d’autres survolant le champ de bataille en hélicoptère. Randall Wallace était obsédé à l’idée de rendre le tout réaliste et sans filtre. Il faut dire que les codes du film de guerre sont parfaitement respectés et le classicisme apparent ne dessert en rien l’ensemble du métrage. Le récit, héroïque, a forcément besoin d’un héros : dans ce rôle, Mel Gibson est toujours parfait, la caméra embrassant son regard de braise avec une synergie fabuleuse.

Lors de sa sortie en 2002, NOUS ETIONS SOLDATS a fortement agacé une partie de la presse qui a pointé du doigt son patriotisme exacerbé et son manque de mise en perspective concernant le conflit. Le public n’a pas répondu présent, le film ne récoltant que 114 millions de dollars et n’attirant que 156 815 spectateurs dans les salles françaises, l’un des plus petits scores de sa carrière. Un échec isolé pour Gibson qui va vite retrouver le succès quelques mois plus tard avec le génial SIGNES de M.Night Shyamalan.

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