La balade sauvage, Sissy Spacek et Martin Sheen dans un road-trip meurtrier

D’aucuns diraient que le cinéma de Terrence Malick, c’était mieux avant. Il y a clairement eu une rupture après sa Palme d’Or TREE OF LIFE, le réalisateur enchaînant les films avec plus ou moins de réussite. C’est en 1973 que sort sa toute première oeuvre, LA BALADE SAUVAGE, un road-trip meurtrier porté par les interprétations de Sissy Spacek (encore dans une période pré-CARRIE) et Martin Sheen (au début de sa carrière).

Dans le Dakota du Sud des années 50, Holly Sargis (Spacek), 15 ans, vient de s’installer dans une petite ville de la région avec son père, peintre d’affiches. Elle rencontre Kit Carruthers (Sheen), un jeune éboueur qui vient de plaquer son travail. Bientôt, les deux jeunes gens se fréquentent et tombent amoureux. Mais le père d’Holly (Warren Oates) découvre la relation des amants et, furieux, décide de tuer le chien de sa fille afin qu’elle renonce à fréquenter Kit. Ce dernier entreprend alors de fuir avec Holly. Tandis que monsieur Sargis s’interpose, Kit le tue et brûle son corps. Dès lors, les deux amants commencent une cavale insouciante et meurtrière sur les routes. Avant LA BALADE SAUVAGE, Terrence Malick n’avait signé qu’un court-métrage tout en collaborant avec d’autres sur quelques scénarios. Ce premier film est donc un saut dans l’inconnu pour lequel le cinéaste devra redoubler d’ingéniosité afin de palier le manque de moyens mis à sa disposition.

Un baptême du feu

Tourné avec 500 000 dollars, LA BALADE SAUVAGE est tout de même fait avec l’exigence aujourd’hui légendaire de Malick. Il doit composer, ajouter, supprimer, mais jamais il ne délaisse ses véritables intentions. C’est le baptême du feu pour lui, mais pas seulement : c’est aussi le cas pour ses comédiens

Sissy Spacek et Martin Sheen. La première n’avait tourné que deux fois avant cela dans des rôles confidentiels tandis que le second était cantonné à des rôles secondaires au cinéma et dans des téléfilms. Les deux se retrouvent en haut de l’affiche dans des rôles difficiles qu’ils vont incarner avec une indéniable maîtrise. Ce sera d’ailleurs leur ticket d’entrée à Hollywood puisqu’ils vont ensuite tourner dans des films de plus grande ampleur.

Conscient de ses limites, Malick ne cherche pas à faire dans l’esbroufe avec ce film. Il s’inspire d’un fait réel tout en le détournant et puise dans ce sous-genre qu’est le road-movie pour nous cartographier une Amérique en perte de repères. Les caractéristiques de son cinéma sont déjà là, entre une voix-off entêtante, une photographie sublime et le recours à des musiques prééxistantes.

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