Le Bounty, Mel Gibson prend la mer pour une mutinerie

La mutinerie de l’équipage du HMS Bounty qui a eu lieu en 1787 a inspiré le cinéma : LES RÉVOLTÉS DU BOUNTY a été mis en scène par Frank Lloyd en 1935 (avec Clark Gable et Charles Laughton) puis en 1962 par Lewis Milestone avec Marlon Brando et Trevor Howard. Enfin, il y a eu ce film réalisé par Roger Donaldson en 1984 intitulé LE BOUNTY qui s’inspira plus précisément du roman CAPTAIN BLIGH AND MR. CHRISTIAN écrit par Richard Hough.

David Lean pour la réalisation

En 1787, le lieutenant William Bligh (Anthony Hopkins) commande le HMS Bounty de la Royal Navy pour un long voyage vers Tahiti. La tyrannie de Bligh amène l’équipage à se mutiner. À la tête de ces révoltés se trouve Fletcher Christian (Mel Gibson), l’officier en second. À la fin des années 1970, David Lean

développe un projet grandiose et épique en deux parties, dans la droite lignée de ses fresques gigantesques comme LAWRENCE D’ARABIE et LE DOCTEUR JIVAGO. Le puissant producteur Dino de Laurentiis est prêt à financer les films qui donnent clairement envie : la première partie serait plus épique avec le voyage menant à la mutinerie, et, la seconde, plus psychologique, racontant comment les marins vivent l’après-mutinerie.

La Paramount Pictures rentre dans la danse et un budget de 40 millions est prévu pour les deux parties. Cependant, au vu de l’ampleur du projet, le producteur Bernard Williams prévoit plutôt 40 millions pour… un seul film. Devant se résoudre à ces chiffres, de Laurentiis ne peut pas assumer un tel budget et quitte le projet. Le studio commence à se désintéresser du film et lâche l’affaire malgré les 4 millions déjà investis ! Suite à plusieurs remous (Lean a notamment tenté de monter le projet sous forme de série), LE BOUNTY en deux parties ne se fera pas. Lorsque tout tombe au point mort, de Laurentiis reprend les rênes et propose la réalisation à Roger Donaldson qui sort tout juste de SLEEPING DOGS, un petit film qui fera parler de lui à Hollywood en 1979. Cinq ans plus tard, il se retrouve à la tête d’une production ramenée à 25 millions de dollars, dirigeant quelques pointures comme Mel Gibson, Anthony Hopkins, Daniel Day-Lewis (dans l’un de ses premiers rôles majeurs), Laurence Olivier ou Liam Neeson.

Tensions sur le tournage et échec au box-office

Le tournage ne sera pas une partie de plaisir, gâché par une météo difficile et de nombreuses tensions au sein de l’équipe technique. Anthony Hopkins, déjà attaché au projet quand David Lean devait le diriger, ne s’entend pas très bien avec Donaldson. En cause, deux visions bien différentes du lieutenant Bligh qui ne s’accommodent pas. Les conditions météorologiques n’aident pas à baisser la mésentente tandis que les coupes budgétaires (par rapport au projet initial) ne permettent plus d’être aussi ambitieux qu’au départ.

Pourtant, le film sera tout de même assez impressionnant avec quelques séquences épiques et un dépaysement total. LE BOUNTY a toujours souffert de la comparaison avec ses deux prédécesseurs et on peut admettre qu’il manque de souffle pour atteindre le niveau des films réalisé par Lloyd puis Milestone. Toutefois, le casting est irréprochable, brisant toute forme de théâtralité pour imposer une vision plus réaliste d’un équipage de bateau. La musique envoûtante de Vangelis baigne le film d’une atmosphère particulière alors que le scénario prend son temps pour bien nous décrire les personnages. Mel Gibson tient ainsi la dragée haute à Anthony Hopkins, interprétant avec vigueur cet homme prêt à tout pour changer le cours des choses.

Malheureusement, LE BOUNTY sera un énorme échec, l’un des plus gros de la carrière de Gibson. Avec 8 millions de dollars au compteur, Dino de Laurentiis sera loin de rentrer dans ses frais.

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