Furie, le film sombre et mal-aimé de Brian de Palma

Après CARRIE, AU BAL DU DIABLE, Brian de Palma souhaite adapter le livre de science-fiction intitulé L’HOMME DEMOLI écrit par Alfred Bester. Sur le papier, le projet est ambitieux : L’intrigue se déroule au XXIVème siècle et traite d’un monde où le meurtre a disparu grâce à la télépathie. Malheureusement, de Palma ne parvient pas à réunir les fonds pour mettre le film sur papier et accepte une commande nommée FURIE, transposition d’un roman de John Farris qui possède un thème proche de L’HOMME DEMOLI.

En Israël, l’ancien agent de la CIA Peter Sandza (Kirk Douglas) rencontre Ben Childress (John Cassavetes), un ancien collègue de l’agence. Robin (Andrew Stevens), le fis de Peter, assiste impuissant à une attaque qui frappe Peter, durant ce qui semble être une attaque terroriste sur une plage. Cependant, Peter échappe de justesse à la mort. Il comprend rapidement que l’attaque était une mise en scène organisée par une agence gouvernementale américaine. Son but : s’emparer de Robin qui est doué de perception extrasensorielle et de psychokinèse. Peter met tout en œuvre pour retrouver son fils et finit par croiser la route de Gillian (Army Irving), une jeune femme dotée du même pouvoir que Robin.

Un tourbillon d’images et d’idées

FURIE nous plonge dans une course-contre-la-montre assez emballante, dominée par un excellent Kirk Douglas. Parfois oublié dans la filmographie du cinéaste, FURIE reste un film de bonne facture qui aurait mérité quelques coupes au montage pour éviter aux longueurs de s’installer. Pourtant, impossible de bouder son plaisir devant ce déferlement d’images excessives et caractéristiques d’un réalisateur

baignant dans l’abondance. Rarement De Palma aura été aussi inspiré, autant dans la violence visuelle que dans le pessimisme politique, avec une succession de séquences magistralement orchestrées, dépeignant une mise en scène et une grammaire visuelle hyper sophistiquées. Il y a beaucoup de Hitchcock aussi dans sa façon d’agencer les rebondissements, et notamment dans son élément principal, celui d’un homme traqué qui rappelle LA MORT AUX TROUSSES.

Souvent considéré comme l’un des films les plus anecdotiques de de Palma (jugé comme trop brouillon et déséquilibré), FURIE mérite d’être redécouvert. Il prolonge ici certains thèmes déjà présents dans CARRIE, tout en les politisant, dressant dès lors un tableau assez noir des Etats-Unis et de leur politique internationale. Loin d’être innocente, cette oeuvre préfigure déjà tout ce que son cinéma contiendra.

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