Hurricane Carter, Denzel Washington combat pour la liberté

Lorsque sort HURRICANE CARTER en 1999, Denzel Washington sort de quatre films qui n’ont pas vraiment trouvé leur public : LA FEMME DU PASTEUR, A L’EPREUVE DU FEU, LE TEMOIN DU MAL et HE HOT GAME. Enchaînant les projets, l’acteur se pose aussi des questions sur la pertinence des rôles qu’il veut incarner. Le projet de Norman Jewison tombe alors à point. 

Liberté et Justice

Ce réalisateur a déjà tourné avec de grandes stars et réalisé quelques films marquants des décennies plus tôt comme LE KID DE CINCINNATI avec Steve McQueen en 1965, L’AFFAIRE THOMAS CROWN en 1971 (toujours avec McQueen) ou encore ROLLERBALL

en 1975 et JUSTICE POUR TOUS en 1979. Touché par l’histoire de Rubin Carter, Jewison s’engage à réaliser un film qui parle de liberté et de justice. Boxeur imposant, Carter voit sa carrière s’arrêter lorsqu’il est arrêté le 17 juin 1966 pour le meurtre de trois hommes blancs dans un bar de Paterson, dans le New Jersey. Les témoins parlent d’une fusillade commise par deux Noirs. Carter et son ami John Artis qui se trouvent non loin des lieux, font de parfaits coupables. Face à un jury exclusivement blanc, Carter nie les accusations et affirme son innocence. Il est tout de même incarcéré. Une fois détenu, il détient de nombreux soutiens comme le boxeur Mohammed Ali. Condamné deux fois de suite (en 1967 et 1976), il restera dix-neuf ans en prison. C’est finalement un juge fédéral qui décide de le libérer en 1985 affirmant au passage que cette peine était « marquée par le racisme plutôt que par la raison et les dissimulations plutôt que par les révélations. ». Une histoire incroyable et tragique qui méritait un film à la hauteur de cette injustice.

Denzel et les polémiques

Denzel Washington montre son intérêt pour cette histoire qui est déjà très célèbre aux Etats-Unis. Rubin Carter est un symbole, celui de l’injustice et de l’intolérance. L’acteur sait qu’il n’incarne pas qu’un personnage et Jewison sait qu’il ne met pas en scène un simple biopic. Il fera alors un choix qui en étonnera plus d’un et qui alimentera quelques critiques envers le film. Une partie des d’elles s’insurge des modifications de la réalité apportées par le long-métrage, le qualifiant de fiction plus que de biopic. L’ambition de HURRICANE CARTER est en effet d’aborder des thèmes importants et de les mettre en scène avec force pour qu’ils restent gravés dans les mémoires des spectateurs. Malgré tout, Jack Newfield du NEW-YORK POST n’est pas d’accord avec ces partis pris à l’époque. « J‘ai connu Rubin Carter, assisté à ses combats, couvert son deuxième procès et je n’ai pas vu beaucoup de la réalité à l’écran. L’exemple de ce deuxième procès, justement, est pertinent. Le réalisateur nous montre un jury entièrement composé de personnes blanches alors qu’il y avait deux personnes afro-américaines. Je ne comprends pas, quel est le but derrière tout ça ? »

L’interprétation magistrale de Denzel Washington, elle, ne souffrira d’aucune contestation. Intense et physiquement impressionnant, l’acteur offre un second souffle à sa carrière avec un brio magistral. Tout était déjà prévu dans sa tête lorsque Jewison s’inquiète pour lui du boulot qu’il devra entamer pour être crédible en boxeur à l’écran. Agé de 40 ans, le cinéaste sait que la préparation

sera encore plus dure. Denzel, dans un regard qu’on imagine déterminé, lui lance droit dans les yeux : « Je serai prêt.« . Il s’entraînera pendant un an et demi à raison de deux à trois heures par jour, prenant alors une vingtaine de kilos pour se transformer en véritable athlète. 

Aujourd’hui, HURRICANE CARTER reste cet étendard du combat pour la liberté et a permis de faire connaître l’histoire de Rubin Carter partout dans le monde. Denzel, quand à lui, remportera le Golden Globe du meilleur acteur, mais s’inclinera aux oscars face à Kevin Spacey qui remportera la statuette du meilleur acteur pour son rôle dans AMERICAN BEAUTY. Ce n’est que partie remise car il le recevra deux ans plus tard pour TRAINING DAY.​

Laisser un commentaire