E.T – L’extra-terrestre, l’enfance et l’univers vus par Spielberg

Selon Steven Spielberg, les racines d’E.T plongent dans cette partie décisive de sa vie où il était « un tout petit enfant juif perdu et exclu dans un voisinage entièrement composé de gentils« . Ce sentiment d’exclusion fut renforcé par le divorce de ses parents quand il avait seize ans, séparation qu’il a vécue douloureusement.

L’idée qu’il présenta à la scénariste Melissa Mathison, un jour de tournage des AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE lors d’une chaude journée d’été en 1980, fut simple : « C’est l’histoire d’un extra-

terrestre, un enfant perdu et un extraterrestre perdu… Au fond, il s’agit du divorce de mes parents. ». Toutefois, il rajouta que le film devait rester « le plus simple possible » pour qu’il s’agisse d’un « conte de fées contemporain« . E.T reprendra un thème abordé dans RENCONTRES DU TROISIEME TYPE : le besoin de communiquer avec des êtres et des civilisations très éloignés de nous. Spielberg toujours. « Je crois que la chose la plus merveilleuse qui puisse nous arriver est d’essayer de communiquer, d’aller vers l’autre, de le regarder dans les yeux. Et s’il ne nous reçoit pas, d’insister en faisant appel à toutes nos ressources et toute notre inventivité pour parvenir à transmettre le message.« .

Spirituel et d’une sincérité évidente, E.T est d’une force imparable qui continue d’agir quarante ans après sa sortie. C’est un film profond, maquillé sous de charmants contours de divertissement populaire. Sa gravité, peu de spectateurs n’en eurent conscience que de façon fragmentaire, voire subliminale. Il faut dire que le long-métrage fonctionne parfaitement, les rouages étant diablement bien imbriqués les uns avec les autres. Et que dire de cette sublime partition de John Williams, véritable enchantement sonore, qui trouve son sommet lors de la scène où les jeunes héros échappent à leurs poursuivants à bicyclette avec E.T caché dans le panier d’Elliott. Cela reste probablement l’un des plus merveilleux morceaux de bravoure de l’Histoire du cinéma.

Spielberg a toujours admis qu’à cause du divorce de ses parents, beaucoup de ses films ont pour thème la reconquête de la famille idéal. Elliott est une projection du cinéaste lui-même : un garçonnet qui se

débat contre les difficultés et la solitude causées par le divorce parental, mais finit par s’en sortir grâce à l’intervention magique d’un petit bonhomme bizarre mais plein de sagesse. E.T a toujours été beaucoup plus qu’un simple divertissement même si sa mission principale est de rassembler tous les publics devant son oeuvre. Ce qu’il résume parfaitement. « Mon travail consiste à réduire la distance esthétique entre le public et le conte afin que le spectateur s’oublie pendant deux heures et ne se réveille que lorsqu’il retrouve la lumière du jour à la sortie du cinéma. Si j’y parviens et que les spectateurs ne se demandent pas au beau milieu du film ce qu’ils vont faire le soir et où ils vont laisser leurs gosses après la séance, alors j’ai réussi.« .

Laisser un commentaire