Pulsions, le thriller étouffant de Brian de Palma

En 1980, Brian de Palma vient de voir sa carrière décoller six ans plus tôt avec l’extraordinaire PHANTOM OF THE PARADISE. Ensuite, OBSESSION et CARRIE AU BAL DU DIABLE confirmèrent cette promesse avant que l’échec de FURIE ne replonge le cinéaste dans le doute. Avec PULSIONS, il va mettre en scène un thriller où l’érotisme et les déviances sont rois. 

Inspiré par la télévision

L’idée lui est venue en regardant des talk-show sur les personnes transgenres, émissions assez courantes à l’époque, qui l’ont poussé à s’intéresser à ce thème. Dans les années 70, le cinéaste écrivit un scénario sur des assassinats dans la communauté gay, inspiré d’un article de journal écrit par Gerald Walker. Malheureusement, il ne pourra pas en obtenir les droits qui sont détenus par William Friedkin qui mettra en scène le formidable LA CHASSE en 1980. De Palma conservera quelques éléments, mais partira dans une autre direction. Il veut rendre hommage à son modèle, un certain Alfred Hitchcock, et annonce clairement ses intentions en se basant sur la construction narrative d’un PSYCHOSE. 

Interdit aux moins de 16 ans à sa sortie, PULSIONS se concentre sur Kate Miller  (Angie Dickinson) qui souffre de fantasmes érotiques si vivaces qu’elle a du mal à faire la part des choses entre rêve et réalité. Un matin, elle se rend alors chez son psychiatre, Robert Elliot (Michael Caine), pour lui parler de ses déceptions sexuelles avec son mari. En se rendant au musée, Kate séduit un homme qui l’emmène dans son appartement pour y passer la nuit. Le lendemain matin, en prenant l’ascenseur pour quitter l’immeuble, Kate est atrocement assassinée à coups de rasoir par une femme bonde portant de grosses lunettes noires. Liz Blake, une call-girl (interprétée par Nancy Allen), est témoin du crime. 

Une maîtrise absolue de la mise en scène

Avec ce film, de Palma affirme son identité et devient l’héritier véritable d’Alfred Hitchcock. Revoir PULSIONS aujourd’hui est un exercice intéressant puisqu’on se rend compte de toute la maîtrise de la mise en scène, là où l’aspect narratif paraît quelques fois farfelu. C’est le moment où le réalisateur dévoile toute sa puissance visuelle, celle qu’il a déjà expérimentée dans PHANTOM OF THE PARADISE. Dans le rôle du psychiatre trouble, Michael Caine est impressionnant d’ambiguïté face à une Nancy Allen elle aussi

remarquable dans un rôle qui prend de plus en plus d’épaisseur au fil des minutes. La sortie du film est malgré tout sujet à controverse puisque la MPAA classe PULSIONS dans la catégorie « X ». Plusieurs associations de droits des homosexuels s’opposent à la sortie de ce long-métrage, mais également à celui de… LA CHASSE (voir plus haut) ! Selon elles, les deux oeuvres renvoient une mauvaise image de la communauté. Les critiques sont mitigées, mais le film fait parler de lui et totalise tout de même 32 millions de dollars pour 6 millions de budget. Un succès qui permet à de Palma d’enchaîner avec BLOW OUT puis un certain SCARFACE…

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