Delivrance, l’oeuvre incontournable de John Boorman

De toute sa carrière, DELIVRANCE est le film le plus célèbre et le plus célébré de John Boorman. Ce chef-d’oeuvre est même entré en 2008 à la National Film Registry pour conservation à la bibliothèque du Congrès aux Etats-Unis.

Un récit ambitieux

Après LEO LE DERNIER, Boorman adapte un roman écrit par James Dickey qui signera également le scénario du film. On y suit quatre américains de classe moyenne, Ed Gentry (Jon Voigt), Lewis Medlock (Burt Reynolds), Bobby Trippe (Ned Beatty) et Drew Ballinger (Ronny Cox) décident de consacrer leur week-end à la descente en canoë d’une impétueuse rivière située au nord de la Géorgie. Ils envisagent cette expédition comme un dernier hommage à une nature sauvage et condamnée par la construction d’un futur barrage. Mais les dangers qu’ils affronteront ne proviendront pas uniquement des flots tumultueux de la rivière…

L’ambition est le maître mot du cinéaste à l’heure de démarrer les prises de vues de son film. Ces dernières se déroulent essentiellement en décors naturels, demandant d’importants moyens logistiques pour permettre à l’équipe technique d’apporter le matériel aux endroits voulus. Boorman veut créer un survival palpable pour lequel le spectateur ressentira toute la dangerosité de l’environnement qui entoure les personnages. Pour incarner ces derniers, il a en tête de retrouver Lee Marvin avec lequel il a déjà tourné LE POINT DE NON-RETOUR et DUEL DANS LE PACIFIQUE, et d’aborder Marlon Brando. Toutefois, Marvin le convainc que lui et Brando sont trop âgés pour jouer les scènes prévues. Toujours très attentif aux conseils de son aîné, Boorman décide de l’écouter et propose alors le rôle d’Ed Gentry à Jack Nicholson. Mais les prétentions salariales de celui-ci seront trop élevées…

L’importance du casting

Le metteur en scène dresse une grande liste de noms, conscient que la pertinence du casting joue un rôle fondamental dans la réussite éventuelle du film. Pour Ed, Gene Hackman sera ainsi contacté, tout comme Donald Sutherland qui refusera le projet à cause d’un script qu’il juge trop violent. Le nom de Jon Voight est ensuite listé. Trois ans plus tôt, le comédien fut nommé à l’Oscar du meilleur acteur pour sa prestation remarquable dans MACADAM COWBOY. Il accepte le rôle, conscient que la chance de participer à un tel film n’arrive que peu de fois dans une carrière. Pour le personnage de Lewis, Charlton Heston et James Stewart sont contactés, mais c’est Burt Reynolds qui va finalement obtenir le rôle. Apparu dans quelques séries télévisées au cours des années 60, c’est DELIVRANCE qui va définitivement lancer sa carrière.

Le budget n’est pas très élevé (à peine 2 millions de dollars), mais les ambitions du réalisateur sont

grandes. Afin de pouvoir économiser, les acteurs ne sont pas assurés et doivent réaliser leurs cascades eux-mêmes ! Une décision qui paraît impensable de prendre aujourd’hui. Economie toujours en ce qui concerne les figurants qui sont incarnés par les habitants des environs et non de véritables figurants qui auraient alors coûté assez chers (d’autant qu’il était assez difficile d’atteindre les lieux de tournage sans une solide logistique).

Un incontournable du cinéma US

À sa sortie, DELIVRANCE reçoit un bel accueil critique et sera un succès dans les salles avec 46 millions de dollars de recettes. Cinquante ans plus tard, le film de John Boorman reste l’un des meilleurs survival jamais réalisés, porté par une mise en scène en tout point maîtrisée. Avec sa tension psychologique et son aspect anxiogène global, DELIVRANCE est l’un des sommets du cinéma américain des années 70 et inspirera de nombreuses oeuvres durant les décennies suivantes.

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