Jumanji, l’histoire d’un film culte

Chris Van Alburg, voici l’homme qui a eu cette idée folle : et si un jeu de société prenait vie ? En 1981, le romancier lance un futur phénomène, suite à sa frustration d’enfant (quand il jouait au monopoly, il aurait aimé que l’argent amassé soit vrai). TRISTAR PICTURES s’attache les droits et Joe Johnston s’engage en tant que cinéaste. 

Le roman contient quelques différences avec le futur film, notamment dans son aspect global, les personnages étant happés dans le jeu alors que le scénario joue la carte inverse : le jeu prend vie dans le monde réelle. La suite, renommée BIENVENUE DANS LA JUNGLE, reprendra cette angle puisque les personnages se trouveront bien dans le jeu. 

Un souvenir de cinéphile

Ce que représente JUMANJI aujourd’hui, c’est un objet presque personnel, celui qui a accompagné une jeunesse, qui l’a découvert en VHS puis en DVD et enfin à la télévision. C’est toujours ainsi que l’histoire d’un culte commence. En 1995, le film réalisé par Joe Johnston totalise 264,8 millions de dollars pour 65 millions de budget, un bon succès, mais pas un raz-de-marée. ILM a fait un boulot monstre avec ses bêtes numériques (qui ont un poil vieillies aujourd’hui) et le scénario, cumulant les rebondissements, ne laisse jamais ses spectateurs souffler.

Joe Johnston y intègre tout ce que les productions AMBLIN insufflaient dans leurs films : du mystère, une pointe d’angoisse, de l’humour, du merveilleux, de l’action, le rapport à l’enfance et sa délicate relation avec les parents. Tout fonctionne encore, même vingt-cinq ans plus tard. Le scénario possède une telle faculté d’adaptation, un tel équilibre dans ses enchaînements que la nostalgie de ce genre de production

nous gagne directement. On se rend compte que le cinéma d’aujourd’hui est incapable de réaliser un tel aplomb. L’exemple ? L’humour. Ici, il est parfaitement dosé, en témoigne les gags du policier et sa voiture qui ne sont jamais encombrants puisqu’ils sont maîtrisés. Loin de moi l’idée de faire l’apanage de la nostalgie et l’amour irréversible du passé, mais il faut être conscient du décalage avec notre époque. JUMANJI se construit comme un film d’horreur alors qu’il vise un public familial ! Voici un concept impensable pour les dirigeants de studio aujourd’hui, qui auraient bien trop peur de se passer de centaines de milliers de dollars de recettes. La générosité de JUMANJI fait mouche à chaque instant, le principe même du film va dans ce sens : une case représente à chaque fois une nouvelle épreuve. 

Bien sûr, la présence du grand et regretté Robin Williams fait une grande différence. Mais en l’état, l’intrigue tient la route et l’ambiance générale fait toujours son effet. La tension monte crescendo alors que les personnages gardent une vraie cohérence, notamment dans les enjeux émotionnels (la figure du père d’Alan, des enfants trouvant enfin un repère dans l’action grâce aux deux adultes qui les accompagnent). Prendre de la hauteur et le regarder avec ses yeux d’adulte et de cinéphile ne changent rien : JUMANJI est et restera un film culte.   

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