Troie, Brad Pitt plonge dans la mythologie grecque

Il y a des films qui marquent plus d’autres, certains que l’on aime à leur juste valeur, d’autre qu’on aime par plaisir et inversement. Quelques-uns qu’on déteste pour de bonnes raisons puis ceux qu’on déteste parce qu’ils ne correspondent pas à ce qu’on voulait voir. Le TROIE réalisé par Wolfgang Petersen est une oeuvre discutée et discutable. Et en particulier si on prend en compte la dimension mythologique du récit (inspiré dans les grandes largeurs de L’ILLIADE de Homère). Son épopée est réaliste et ne laisse pas la place à des créatures mythologiques et autres actions visibles des Dieux.  S’intéressant à la place de l’Homme face à ses grandes croyances et le mettant en face de ses besoins de grandeur, Petersen signe une fresque hallucinante qui prend toute son ampleur dans sa version DIRECTOR’S CUT. 

En campant Achille, Brad Pitt devient ici une légende, un mythe qui prend forme. S’entraînant durant plus

de six mois au maniement de l’épée tout en soulevant intensément de la fonte pour se transformer en machine à tuer, l’acteur pousse à son paroxysme la performance physique. Doté de son charisme irréel, il irradie littéralement un blockbuster qui semble déjà ancré dans un autre temps de par son gigantisme et son ambition démesurés. À ce titre, la version longue est encore plus forte et pesante, rattrapant indéniablement les défauts de la version cinéma. En revisitant le péplum ainsi que les grandes démesures du cinéma d’antan où les décors étaient immenses et les combats épiques, Petersen offre plus de trois heures de spectacle total. Il parvient, à chaque instant, à rendre ces hommes parfois attachants, parfois détestables. La mort règne partout et Achille de devenir le guerrier, le mythe et la légende. Incarné par un Brad Pitt impérial, il est la figure centrale d’une oeuvre qui décortique une vision pessimiste du monde, s’incarnant dans d’autres figures comme Hector (Eric Bana), alter ego d’Achille. Les deux hommes font d’ailleurs l’objet de quelques points de montage édifiants où leurs regards se croisent dans ces moments d’attente plus meurtriers que la bataille en préparation. 

Pour TROIE, Brad Pitt a abandonné la production du film de Darren Aronofsky, THE FOUNTAIN tandis que Wolfgang Petersen délaissera… BATMAN VS SUPERMAN. Il y a donc ici un véritable désir de renouer avec le Hollywood d’antan où les décors étaient somptueux, les batailles spectaculaires et le casting magnifique. Le cinéaste voit les choses en grand et convoque même l’officier britannique Richard Smedley pour former à la lutte armée plus d’un millier de figurants ! Les villes sont en partie reconstituées en « dur » tandis que la production part au Mexique pour tourner les gigantesques batailles.

Sorti en 2004, Pitt connaît là son plus grand succès au box-office avec des recettes s’élevant à 497,3 millions de dollars de recettes mondiales. En terme commercial, ce sera d’ailleurs la période la plus faste pour le comédien qui enchaînera avec OCEAN’S TWELVE, MR. AND MRS. SMITH et OCEAN’S THIRTEEN, tous des succès. Mais il ouvrira également la porte du cinéma d’auteur avec BABEL et L’ASSASSINAT DE JESSE JAMES PAR LE LACHE ROBERT FORD, respectivement mis en scène par Alejandro Gonzalez Inarritu et Andrew Dominik.

Brad Pitt

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