Gandhi, un biopic épique par Richard Attenborough

Réaliser un film sur Mohandas Karamchand Gandhi était un sacré pari. Nous sommes en 1962 et Richard Attenborough n’a pas encore réalisé un seul long-métrage. Sa carrière d’acteur, en revanche, s’étale déjà sur vingt années. Tout commence donc cette année là lorsque l’artiste rencontre Nehru, alors premier ministre de l’Inde. L’artiste avait lu 48 pages de la biographie de « Mahatma » et décida automatiquement de produire le film grâce à la boîte de production qu’il venait d’ouvrir. 

Une grande reconstitution

Durant vingt longues années, il n’aura de cesse de relancer le film sans pour autant trouver le financement adéquat. En 1964, Nehru meurt et Attenborough doit dont donc s’assurer que le projet ne

sera pas bloqué par la descendance. Sa fille, nommée Indira Gandhi, ne s’opposera pas et, au contraire, adoubera derechef cette idée. « C’est important de se souvenir et je pense que ce film est idéal pour que le monde se souvienne du combat mené par Mahatma.« . Il mettra 18 années à trouver l’argent nécessaire pour qu’un tel film soit lancé. Les portes se ferment une à une et les financiers sont peu rassurés à l’idée de mettre de l’argent dans un biopic qui n’attirerait personne hormis les férus d’Histoire. Il faudra attendre l’arrivée de Jake Eberts avec sa société GOLDCREST FILMS INTERNATIONAL pour que la situation se débloque. C’est en 1977 qu’Eberts a fondé cette boîte de production pour faire éclore des projets ambitieux qui seraient fidèles aux envies des cinéastes. La première production cinématographique que GOLDCREST finance s’appelle LES CHARIOTS DE FEU, suivi l’année d’après par NEW YORK 1997 de John Carpenter. Pendant que le projet difficile de THE WALL par Alan Parker est en train d’être bouclé, le projet sur Gandhi est discuté puis accepté. Avec cet engagement, d’autres partenaires tentent le coup et le budget atteint 22 millions de dollars. 

Richard Attenborough passe ensuite à une phase tout aussi complexe : la recherche du bon acteur qui aura la lourde tâche d’incarner Gandhi. Des noms connus sont évoqués, comme Anthony Hopkins, John Hurt ou encore Alec Guinness. Finalement, lorsque Ben Kingsley entre en piste, le réalisateur est

impressionné par la bonté de son visage et ses traits ressemblants à ceux du vrai Mahatma. A l’époque, le comédien de 39 ans n’a qu’une seule expérience au cinéma dans SIX MINUTES POUR MOURIR en 1972. Le choisir pour un biopic aussi important relève de la folie pour certains financiers. Malgré tout, ils acceptent le choix du cinéaste et Kingsley peut commencer sa longue étude sur un homme exceptionnel qui aura combattu toute sa vie pour la justice et la paix. 

Un hommage au Mahatma

Le tournage y sera forcément épique, entre hommage de la population locale, température extrême et durée étirée à cause de vents contraires qui ne cessent de s’accumuler. Attenborough, qui a attendu si longtemps pour mettre en scène son film, ne s’attarde pas sur ces détails et poursuit son chemin. Il met notamment en boîte une incroyable séquence de funérailles qui rassemblera plus de 300 000 figurants ! Une bonne moitié ne sera pas payée, certains étant juste là pour rendre un hommage au Mahatma. Le cinéaste sera frappé par l’impact émotionnel exceptionnel que cet homme aura eu sur le peuple indien, des milliers de personnes étant constamment ébahis de voir la ressemblance bluffante de Kingsley avec leur chef spirituel. 

GANDHI sort dans les salles américaines le 8 décembre 1982 et offre au grand public une vision dantesque de cet homme dans un film prestigieux de plus de trois heures. Une mise en lumière unique qui permettra au tourisme local de littéralement exploser, des milliers de pèlerins venant fouler le même sol que Mahatma des décennies plus tôt. Aux Etats-Unis, le film rapporte 52 millions de dollars au box-office tandis qu’en France, il rassemble 2 679 974 spectateurs. Il décrocha également neuf oscars : meilleur film, meilleur acteur pour Kingsley, meilleur réalisateur, meilleur scénario original, meilleur montage, meilleure direction artistique, meilleure photographie et meilleurs costumes. Un plébiscite incroyable et une oeuvre qui reste dans toutes les mémoires, même près de 40 ans plus tard. 

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