La nuit nous appartient, le thriller grandiose de James Gray

Sorti en 2007, LA NUIT NOUS APPARTIENT est le troisième film de James Gray après LITTLE ODESSA et THE YARDS. Il réunit Joaquin Phoenix, Eva Mendes, Mark Wahlberg et Robert Duvall dans un thriller noir et tendu. Surtout, il utilise son classicisme (la sempiternelle lutte des autorités face à un réseau de trafiquants de drogues) pour mieux marquer sa différence.

La famille, c’est important

Gray a grandi à Little Odessa, quartier des juifs russes de New York tout en connaissant le Queens, quartier pauvre et morose. Cette ambiance, celle de la face cachée des grandes métropoles, est retranscrite dans ses deux précédents films, mais également dans celui-ci. La lutte ne se fait pas à grand coup de spectaculaire dans la ville, mais privilégie les intérieurs et les rues délabrées. On a cette impression qu’il n’y a plus de vie dans celles-ci et c’est justement ce que veut montrer le cinéaste dont l’histoire personnelle de ses personnages principaux importe davantage que l’intrigue. 

La famille est un thème qui est très présent dans son cinéma et LA NUIT NOUS APPARTIENT n’échappe pas à la règle. Bobby (Joaquin Phoenix) est ce garçon qui a vécu en dehors des règles dictées par son père (Robert Duvall) et qui a préféré suivre son propre chemin. On peut y voir le propre choix du cinéaste lui-même qui a décidé de quitter l’école à 13 ans pour devenir autodidacte. A l’inverse, son frère Joseph (Mark Wahlberg) est le fils modèle, chef de police émérite. Mais lorsque les choses dérapent, la famille se reconstruit ou tente d’y parvenir. Gray façonne ses personnages selon les actions des autres et leur rappelle que la vie ne devrait pas servir à se quereller inutilement. Cela est montré au détour d’une phrase, d’un regard ou d’un geste. Le père redevient conciliant et les deux frères se protègent. 

Un film intimiste

Bien sûr, beaucoup ne pourront y voir qu’un film classique et attendu. Dans son intrigue principale, c’est en effet le cas. Cependant, la trame intimiste est beaucoup plus complexe, tout

comme ses personnages très fouillés psychologiquement. Le fait que le cinéaste ne soit pas forcément reconnu à sa juste valeur aux Etats-Unis correspond à une autre parcelle du personnage de Bobby. Ce dernier se sent rejeté parce qu’il n’a pas suivi le chemin qui lui était tracé. D’ailleurs, on retrouve toujours cette idée dans son cinéma, notamment dans TWO LOVERS où Joaquin Phoenix (encore lui) doit choisir entre deux filles : celle qu’on lui a imposé ou sa voisine, celle qu’il aime. Il y’a toujours cette idée de contrôle que le personnage dompte ou pas. 

Alors, meilleur film de James Gray ? Chacun aura sa propre idée et son ressenti, mais je le pense car au-delà de tout ce qui a été dit dans cet article il y a aussi ce dernier point : les acteurs y sont tous incroyables avec une mention spéciale au génial Joaquin Phoenix.​

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