Glory, Edward Zwick plonge en pleine guerre de Sécession

A sa sortie en 1990, on parle beaucoup de GLORY, ambitieuse reconstitution réalisée par Edward Zwick. Récompensée par trois oscars, dont celui du meilleur second rôle pour Denzel Washington, cette oeuvre a paradoxalement eu beaucoup de mal à attirer le public. Peut-être parce qu’il représente une véritable fracture dans ce qu’il raconte de l’Amérique.

 

Un récit d’hier et d’aujourd’hui

GLORY est ce genre de film qui ne se fait plus beaucoup aujourd’hui. C’est une reconstitution historique ambitieuse composée de centaines de figurants avec des séquences de batailles épiques et un lyrisme évident. Nous sommes en 1863. La guerre de Sécession ravage les Etats-Unis. Le jeune Robert Gould Shaw (Matthew Broderick) est promu colonel du premier régiment de soldats noirs, engagés volontaires dans une guerre qu’ils croient être la leur. Ils se trompent. Assignés à des tâches subalternes, méprisés par leurs officiers, ils se révoltent, Shaw à leur tête, pour partir au feu.

Malgré le sensationnel visuel distillé par le réalisateur, c’est surtout en se concentrant sur le quotidien du premier régiment de soldats noirs (de leur entraînement à leur entrée sur le champ de bataille, mené par un tout jeune colonel, Robert Gould Shaw, incarné par un excellent Matthew Broderick) durant la guerre de Sécession qu’il marque les esprits. Avec ce procédé, il parle des différentes forces à l’œuvre dans les États-Unis d’hier, mais aussi d’aujourd’hui.

Un casting magnifique


C’est d’ailleurs en le regardant à notre époque, peut-être même plus qu’il y a trente ans, que sa pertinence sociopolitique prend toute son ampleur. GLORY est un film qui place la noblesse, le courage et l’honneur comme valeurs communes aux soldats blancs et aux anciens esclaves. Quand au récit, parsemé de dialogues remarquablement écrits, il se questionne sur la notion fondamentale d’égalité et résonne en effet de façon particulièrement puissante dans le contexte d’une Amérique contemporaine secouée depuis quelques années par une politique discutable. Sans compter les divisions ethniques et raciales qui montrent que de nombreuses questions ne sont toujours pas réglées et restent profondément ancrées dans le système…

L’excellent casting emmené par Matthew Broderick, Morgan Freeman et Cary Elwes, est totalement sublimé par un Denzel Washington en état de grâce. L’acteur remporte son premier oscar et entamera l’une des plus belles périodes de sa carrière en enchaînant avec MALCOLM X et PHILADELPHIA. En revanche, GLORY est loin d’être un succès puisqu’il ne rapporte que 26 millions de dollars. Aujourd’hui, sa réhabilitation tarde toujours, le film d’Edward Zwick n’étant pas le plus reconnu de son auteur qui enchaînera par la suite avec le confidentiel LEAVING NORMAL avant de mettre en scène le solide LEGENDES D’AUTOMNE.

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