Le Tailleur de Panama, John Boorman adapte John le Carré

Commençant à se faire de plus en plus rare, le cinéaste John Boorman décide de revenir en 2001 pour l’adaptation du roman LE TAILLEUR DE PANAMA écrit par le célèbre auteur John le Carré. L’occasion pour lui d’aborder l’espionnage avec un gros casting.

Une collaboration entre auteur et réalisateur

On suit ici Andy Osnard (Pierce Brosnan), espion britannique cynique et machiste, est renvoyé d’un poste à Madrid pour avoir eu une aventure avec la maîtresse d’un ministre local. Il est alors envoyé à Panama à titre de sanction. Cherchant à se faire bien voir en dévoilant une affaire d’importance, il prend contact avec un certain Harry Pendel (Geoffrey Rush). Ce dernier est un tailleur d’origine britannique qui, par ses fonctions, est en contact avec toutes les sommités locales. De plus, Harry Pendel est un expert en mensonges : il se fait passer pour le successeur d’un tailleur prestigieux de Savile Row à Londres alors qu’il n’est en réalité qu’un petit escroc autodidacte.

John le Carré a décidé très tôt de s’impliquer dans l’adaptation de son roman aux côtés du réalisateur. « Nous avons travaillé en étroite collaboration sur le scénario. », déclara John Boorman lors de la sortie du film. « John le Carré avait été déçu par plusieurs des premières tentatives d’adaptation de ses livres au cinéma, souvent parce qu’elles étaient trop respectueuses des romans. J’ai mis le scénario en forme à partir du livre et d’un premier long script rédigé par le Carré. Il m’a poussé à réinventer son histoire et a encouragé les changements souvent radicaux que j’y ai apportés. ». Avec son mélange d’espionnage et d’humour noir, LE TAILLEUR DE PANAMA est un drôle de film emmené par un casting de prestige. Dans une sorte de James Bond poussé à son paroxysme, Pierce Brosnan joue avec son image dans le rôle d’Andy Osnard et livre une prestation de premier plan. Devenu une vedette depuis, Brosnan avait déjà rencontré Boorman en 1980 lors d’une audition pour EXCALIBUR. Le cinéaste ne l’avait pas retenu car il le trouvait « peu convaincant« . Parfois, tout est une affaire de timing…

Un film mal compris

À ses côtés, on retrouve l’excellent Geoffrey Rush en tailleur malhonnête. Après avoir ses gammes au théàtre et à la télévision, l’acteur s’est fait remarquer sur grand écran en obtenant l’oscar du meilleur acteur pour SHINE en 1996. Il est bientôt sur le point de devenir un visage reconnu mondialement avec son interprétation du pirate Hector Barbossa dans PIRATES DES CARAÏBES, mais, pour l’heure, il joue sous les directives de John Boorman à qui il voue une admiration sans faille. Amie de ce dernier depuis une

dizaine d’années, Jamie Lee Curtis est également au casting dans le genre de personnage qu’elle apprécie particulièrement. Notons aussi l’apparition d’un certain Daniel Radcliffe qui est sur le point de voir sa vie basculer grâce à un certain sorcier aux lunettes rondes… Enfin, notons également les prestations remarquables de Leonor Varela et Brendan Gleeson, ce dernier retrouvant Boorman après l’excellent LE GENERAL réalisé en 1998.

LE TAILLEUR DE PANAMA est l’exemple même du film qui divise la presse et le public. Alors que la première loue les qualités du scénario et la mise en scène inspirée de Boorman, le second rejette la proposition qui ne correspond pas vraiment à ce qu’il recherchait. L’esprit satirique et cynique a majoritairement rebuté alors que c’est l’esprit même de l’histoire racontée. Le cinéaste navigue ici avec son savoir-faire de vieux briscard, déjouant intelligemment tous les pièges dans lesquels le film pouvait tomber. Emmené par son duo d’acteurs savoureux, voilà bien une oeuvre fort sympathique qui, si elle n’est pas à ranger dans les sommets de son auteur, reste indéniablement plaisante.

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