Lincoln, Spielberg donne vie à l’emblématique président des Etats-Unis

Inspiré du livre TEAM OF RIVALS de l’historienne Doris Kearns Goodwin, LINCOLN est un film important pour Steven Spielberg car il est rattaché à une partie de son enfance sur laquelle le célèbre président des Etats-Unis exerça une profonde fascination.

Un coup d’avance

Le cinéaste était encore petit lorsque l’un de ses oncles l’emmena avec ses fils visiter les monuments historiques de Washington. Le Lincoln Memorial l’impressionna tout particulièrement. « J’était très petit, et Lincoln très grand, assis sur ce trône, ce grand siège. Très intimidé, j’osais à peine lever les yeux vers son visage. » Dans la même période, il ouvrit tous les livres possibles sur le sujet. « J‘étais dyslexique – chose que j’ignorais alors – mais quand j’ai appris à lire, j’avais plus de facilité si le texte parlait de Lincoln que de sciences. J’ai à peu près tout exploré, tout acheté le concernant, à part une voiture de marque Lincoln ! J’ai lu tous les livres, j’ai vu tous les documentaires qui lui ont été consacrés.« . Un attachement à l’homme, mais également à ses valeurs et ses combats. En 1999, il rencontra l’historienne Doris Kearns Goodwin et la questionna sur le sujet de son prochain ouvrage : elle songeait à Lincoln.

Une chose cocasse se passe alors, chose que seul Steven Spielberg peut se permettre (ou presque) à Hollywood. Sans sourciller, il annonce à l’auteure qu’il achètera les droits du bouquin dès qu’il sera achevé. Surprise, elle lui avoua qu’elle n’avait toujours pas trouvé d’éditeur. Il lui dit alors : « Je m’en fiche. Je vous l’achète dès maintenant, et lorsque vous trouverez un éditeur, vous lui direz simplement que vous m’avez déjà cédé les droits ainsi qu’à DreamWorks.« . C’est sûr, ça simplifie les démarches auprès des professionnels de l’édition. Au fil des années, Spielberg a commandé un certain nombre de scénarios, mais aucun ne lui semblait suffisamment centré sur les aspects de la personnalité de Lincoln qui l’intéressaient le plus. Ce fut seulement en confiant la tâche à Tony Kushner qu’il commença à entendre la voix de Lincoln.

Daniel Day-Lewis devient Lincoln

Dans cette première et longue version, un passage en particulier toucha le cinéaste. En effet, il évoquait l’adoption du treizième amendement de la Constitution, celui abolissant l’esclavage, et la fin de la guerre

de Secession, autrement dire les derniers mois de la vie de Lincoln. C’est dans cette direction qu’ira le film pour lequel Daniel Day-Lewis livrera une prestation absolument phénoménale (pour lequel il obtiendra un troisième Oscar du meilleur acteur). Pourtant, le comédien est d’abord réticent. Suite à la proposition de Spielberg, il lui répondra qu’il est fasciné par Lincoln, mais qu’il veut découvrir le film en tant que spectateur et non y plonger en tant qu’acteur. C’est Leonardo DiCaprio qui parviendra à le convaincre de changer d’avis. Daniel Day-Lewis demandera alors un an de préparation en se documentant ardemment sur les postures de l’ancien Président, sa façon de parler, de bouger, de sourire. Adepte extrémiste de la Méthode, il demande à ce qu’on l’appelle « Monsieur le Président » sur le plateau !

LINCOLN finira par être un grand succès en salles et divisera forcément les historiens. Spielberg ne sera pas touché par ces critiques parfois dures envers son film, certains n’hésitant pas à pointer du doigt son incompréhension de la guerre de Sécession. Ce n’est pourtant pas ici que se situe le combat du cinéaste qui désire avant tout raconter la volonté d’un homme à changer les choses.

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