Et pour quelques dollars de plus, la nouvelle ère du western

POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS vient de changer les choses. Hollywood commence à sentir le vent tourner. Venu de nulle part et illuminé par une mise en scène étourdissante, ce western tourné pour un budget dérisoire a mis un coup de pied au genre qui s’endormait paisiblement au fil des années.

Un film qui bouscule les conventions

Quasiment filmé dans la foulée du précédent, ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS constitue aujourd’hui un modèle du genre, une pure extase de cinéma que Leone va parfaire dans son chef-d’oeuvre LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND. Mais ici, le western spaghetti ringardise ses prédécesseurs avec son insolente modernité. « L’indien » (Gian Maria Volonté), bandit cruel et fou, s’est évadé de prison. Il se prépare à attaquer la banque d’El Paso, la mieux gardée de tout l’Ouest, avec une quinzaine d’autres malfaiteurs. Le « Manchot » (Clint Eastwood) et le Colonel Douglas Mortimer (Lee Van Cleef), deux chasseurs de primes concurrents, décident, après une confrontation tendue, de faire finalement équipe pour arrêter les bandits. Mais leurs motivations ne sont pas forcément les mêmes…

Dès les premières secondes du film, un plan large sur un cavalier avançant dans une plaine et la musique d’Ennio Morricone viennent mettre les pieds dans le plat. Musique moderne, mais aussi étrange, elle transcende déjà son matériau de base et frappe par son audace. Le compositeur est encore une fois l’autre homme fort de ce film virevoltant et percutant : l’utilisation de flash-back vient alimenter sa différence, ce procédé étant rarement utilisé dans le genre habituellement. La violence côtoie ici l’humour pour un équilibre pas loin d’être parfait.

Un véritable changement

Au bout des deux heures, on comprend rapidement l’influence phénoménale que ce film a pu avoir sur le cinéma mondial. Du regard impassible de Clint Eastwood à la présence imparable de Lee Van Cleef en passant par la maestria de Morricone, ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS explose définitivement l’ancien système des studios et impose sa modernité et sa fougue revigorante. C’est l’histoire de David contre Goliath que l’on transpose à l’histoire du 7ème art : par son envie débordante de bousculer un système bien implanté, les indépendants renversent les gros studios fortunés qui sont alors bien obligés de s’aligner. Le nom de Sergio Leone ne sera plus jamais oublié.

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