Le point de non-retour, John Boorman rencontre Lee Marvin

Nous sommes en 1967 et la carrière cinématographique de John Boorman n’a que deux petites années avec un film au compteur. SAUVE QUI PEUT fut un succès en 1965 et c’est là qu’il obtint son passeport pour partir travailler aux Etats-Unis.

Un Lee Marvin protecteur avec le cinéaste

Chapeauté par le duo de producteurs Irwin Winkler – Judd Bernard, LE POINT DE NON-RETOUR est une adaptation d’un roman écrit par Richard Stark (pseudonyme de Donald E.Westlake), nommé COMME UNE FLEUR. Lee Marvin reçoit le script du film alors qu’il est en plein tournage des DOUZE SALOPARDS. Scénario qui est également envoyé à John Boorman, un jeune cinéaste que Winkler et Bernard veulent s’offrir. Il rencontre alors Marvin pour parler avec lui du projet et connaître son ressenti. Peu emballé par l’histoire en elle-même, le comédien avoue aimer le personnage principal. C’est lui qui fera le nécessaire pour que Boorman remanie le script à sa guise tout en bénéficiant d’une liberté rare sur l’ensemble du projet. Un véritable allié, y compris quand il s’agira de faire face au studio (la MGM) pour le choix de l’actrice qui incarnera Chris afin d’engager Angie Dickinson et non Stella Stevens.

LE POINT DE NON-RETOUR nous plonge dans une histoire de trahison et de vengeance. Pour le compte de son ami Reese (interprété par John Vernon), Walker, accompagné de sa femme, récupère dans la prison désaffectée d’Alcatraz un magot de 93 000 dollars. L’opération réussit. Reese abat Walker et emmène sa femme, qu’il convoitait depuis longtemps. Seulement Walker n’est pas mort et n’a de cesse de châtier Reese et ses complices. Un point de départ idéal à un film bluffant de maîtrise et dynamisme. Sur un postulat assez simple et classique, Boorman transcende une oeuvre lambda grâce à une mise en scène incisive et inventive.

Une réhabilitation tardive

Les années 60-70 ont permis à ce genre de films d’éclore, ceux-là même qui expérimentaient au sein du système avec des productions aux budgets considérables. Trois millions de dollars ont été injectés dans LE POINT DE NON-RETOUR pour des bénéfices limitées (il n’a rapporté que 8 millions de dollars). Déjà en avance sur son temps, Boorman verra les critiques recevoir tièdement le long-métrage à sa sortie avant qu’une grande réhabilitation ne fasse son effet. De nombreux grands cinéastes (comme Bertrand Tavernier et Steven Soderbergh) transmettront leur amour pour cette oeuvre tandis que de nombreux médias et bouquins spécialisés le classeront dans la catégorie des meilleurs films de tous les temps ! Un juste retour des choses et une belle rencontre entre Boorman et Marvin qui se prolongera un an plus tard avec DUEL DANS LE PACIFIQUE.

Laisser un commentaire