French Connection, un tour de force signé chez William Friedkin

Juste avant de défrayer la chronique et d’exploser tous les compteurs au box-office avec L’EXORCISTE (le film a réuni 5 397 450 spectateurs, le record absolu pour un film d’horreur qui ne sera probablement jamais dépassé), le réalisateur William Friedkin a mis en scène un véritable emblème du film policier intitulé FRENCH CONNECTION. 

Un contexte réaliste

Le scénario s’inspire de l’enquête de policiers du New York City Police Department nommés « Popeye » et « Cloudy ». Ils ont enquêté sur les réseaux de la French connection, organisation criminelle qui importait depuis la France la majeure partie de l’héroïne

consommée aux Etats-Unis. Dans les années 60 jusqu’au début des années 70, des truands corses implantés à Marseille inondent l’Amérique d’une héroïne de très grande qualité, écoulée sur place par la Cosa Nostra, la puissante mafia italienne à New York. Tout le pays est touché, on y voit fleurir des Needle Parks (des parc à aiguilles) dans lesquels se rendent le consommateur afin de se piquer. Le pays compte pas moins de 300 000 consommateurs à la fin des années 60 ! Le président Nixon, fraîchement élu, met la pression sur le général de Gaulle pour stopper ce trafic et démanteler le réseau implanté dans la cité phocéenne. Le général refuse de considérer cela comme un problème intérieur, tout comme Pompidou, le président qui lui succède. La réponse définitive est apportée par le ministre de l’intérieur, Raymond Marcellin : « Ce sont les Américains qui consomment. La France n’est donc pas concernée« . Un contexte assez tendu dans lequel le film de William Friedkin se met en boîte. Ce dernier impose alors un style imparable, s’approchant au plus près de ses personnages et opérant une action soutenue qui s’insère presque dans une forme documentaire. C’est exactement les mêmes choix de mise en scène qui ont fait de L’EXORCISTE un chef-d’oeuvre absolu. 

Casting alternatif

Dès le début de la production, le choix des acteurs pose problème. Pour incarner « Popeye », Friedkin refuse catégoriquement d’engager Gene Hackman, et rêve d’engager Paul Newman. Le budget ne lui permet pas d’embaucher les services de la star de BUTCH CASSIDY ET LE KID. Le cinéaste se rabat alors sur Jackie Gleason. La 20th CENTURY FOX refuse également, échaudée par l’échec de son précédent film, GIGOT LE CLOCHARD DE BELLEVILLE. Jimmy Breslin, journaliste et acteur amateur, refusera par peur de prendre le volant pour la fameuse scène de poursuite du film. James Caan, Peter Boyle, Steve McQueen refuseront à leur tour. Charles Bronson et Rod Taylor furent également pressentis avant que Gene Hackman ne soit finalement choisi. L’acteur obtiendra finalement l’oscar du meilleur acteur pour ce rôle.

D’ailleurs, FRENCH CONNECTION en obtiendra cinq : meilleur acteur donc, mais également meilleur montage, meilleur scénario adapté, meilleur réalisateur et meilleur film. Evidemment, la course-poursuite phénoménale mise en scène avec une maestria imparable par Friedkin est au centre de la fascination qu’opère encore ce film sur l’imaginaire collectif. Mais ce serait le résumer un peu trop facilement en oubliant la force du récit et l’écriture rigoureuses concernant les personnages, notamment le duo de flics incarné par Hackman et Scheider.   ​

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