Little Big Man, Dustin Hoffman chez les Cheyennes

Lorsque sort LITTLE BIG MAN en 1970, le film réalisé par Arthur Penn bouleverse les codes établis du western. Ce genre qui cartonne depuis deux décennies dans les salles se voit bousculer par un long-métrage atypique.


Le retour d’Arthur Penn

Âgé de 121 ans, Jack Crabb (Dustin Hoffman), seul survivant du massacre de Little Big Horn, raconte son histoire à un journaliste (William Hickey). Adopté par une famille de Cheyennes, ce visage pâle est surnommé Little Big Man à cause de son immense courage. Un jour, toute sa tribu est massacrée par les Blancs et Jack est alors recueilli par un pasteur et sa femme. Mais le jeune homme est partagé entre ses origines indiennes et son nouveau peuple. Tel est le point de départ d’une aventure pas comme les autres qui suit le destin d’un homme scindé en deux.

Douze ans après LE GAUCHER, Arthur Penn revenait au western après avoir réalisé LA POURSUITE IMPITOYABLE (avec Robert Redford et Marlon Brando) et BONNIE & CLYDE. C’est l’énorme succès de ce dernier qui lui permet de se pencher sur l’histoire de Jack Crabb. LITTLE BIG MAN s’éloigne de la Conquête de l’Ouest habituelle pour en tirer une aventure plus proche de l’Histoire. Il s’agit ici de démythifier en quelque sorte plus de vingt ans de séquences iconiques que l’on a pu voir précédemment au cinéma.

Un film qui ouvre de nouvelles voies

Penn adore malmener les spectateurs afin de provoquer chez eux une véritable réflexion sur le sujet abordé. Les polémiques sur BONNIE & CLYDE lui ont permis d’ouvrir un dialogue (et de cartonner au box-office, en sus) tout en créant des débats. Dans LITTLE BIG MAN, le western est refaçonné, modernisé, moins manichéen. La représentation des Indiens est elle-même frappante puisque ce peuple est ici montré comme une victime de la Conquête de l’Ouest et non comme des sauvages. Le cinéaste ose

avec une audace saisissante retracer l’Histoire avec un grand h, et non celle romancée depuis plusieurs années. Ici, les Cheyennes vivent en harmonie, dans le respect de leur culture. Penn va encore plus loin en montrant un Indien homosexuel totalement accepté par son peuple alors que le sujet est tabou à l’époque en Occident ! Un renversement des conventions saisissant.

En offrant le rôle principal à Dustin Hoffman, alors star incontournable d’Hollywood, le cinéaste s’assure un visage bienveillant. Il s’assure également d’une interprétation juste et nuancée dont l’humanité transparaît sur chaque plan. Sorti en pleine guerre du Vietnam, LITTLE BIG MAN fait parler de lui, certains évoquant une critique indirecte du conflit à l’intérieur du film. Quoiqu’il en soit, il rapportera 31 millions de dollars dans les salles, ce qui remboursera son budget de production de 15 millions.

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