Stranger Things, le bilan de la saison 4

Indiscutablement, STRANGER THINGS est désormais devenu un phénomène de société. C’est la série des frères Duffer qui a agité toute la toile et alimenté les discussions. Il faut bien admettre que les créateurs se sont surpassés avec cette quatrième saison et qu’ils ont décidé de nous offrir un spectacle tétanisant.

Attention, si vous n’avez pas encore vu l’intégralité de cette saison 4, n’allez pas plus loin sous peine d’être spoilé !

Un méchant d’anthologie

Réussir son antagoniste, c’est déjà réussir la moitié de son oeuvre. Les frères Duffer ont parfaitement assimilé ce concept en cassant (enfin) les codes des précédentes saisons. L’essoufflement de la recette était palpable lors de la troisième partie qui semblait condamner la série à n’être qu’une éternelle redite de ses débuts. C’est donc avec un mélange de crainte et de curiosité que j’ai entamé ce nouveau segment, d’autant que les années sont passées (trois tout de même) depuis les dernières aventures de la petite troupe qui a bien grandi. STRANGER THINGS pourrait-elle passer le cap de la série-hommage, une catégorie dans laquelle elle a souvent été cantonnée ?

Ce qui est sûr, c’est qu’au film de ces 9 épisodes d’une durée souvent déraisonnable, l’euphorie et l’excitation ont grimpé comme jamais depuis quatre saisons. À l’heure de tirer le bilan, est-ce que tout cette énergie est finalement retombée ou fut-elle largement justifiée par les partis pris des frères Duffer ? Si tout n’est évidemment pas parfait, je penche pour la seconde option. Et ce pour une raison évidente : la puissance absolue de l’antagoniste. Vecna. Un nom qui claque, un design flippant et un modus operandi totalement terrifiant. Si la révélation de son origine casse un peu son étrangeté et sa puissance mystique, elle en relève néanmoins les enjeux. Agissant comme un créateur et un être tout-puissant qui agitait les ficelles en coulisses, il est finalement devenu un symbole de force et de noirceur qui atomise toutes les précédentes créatures de la série. Grâce à lui, la série décolle et s’envole vers une profondeur détonnante qui n’arrête plus de surprendre jusqu’à l’épisode final.

Un scénario parfois trop étiré

Le plaisir de retrouver tous ces personnages est bien présent même si certains sont, à mon humble avis, assez négligés. Je pense notamment à Jonathan (Charlie Heaton) qui semble ici assez désincarné, presque passif dans sa façon d’agir (un paradoxe qu’on retrouve tout au long de la saison). J’ai eu cette impression qu’il était présent sans véritablement être là, comme Will (Noah Schnapp) et surtout Mike

(Finn Wolfhard), deux personnages dont la trajectoire se révèle bien moins intéressante que celle de leurs amis de toujours Lucas (Caleb McLaughlin) et Dustin (Gaten Matarazzo). Pour le reste, le scénario est parfois irrégulier : à quoi bon insérer une histoire de harcèlement scolaire avec Onze (Millie Bobby Brown) qui parasite inutilement les autres intrigues ? Quand l’arc narratif de l’héroïne décolle enfin, il ne fait que confirmer la futilité de cette introduction. D’autres éléments semblent parfois un peu étirés comme l’ensemble de l’histoire concernant Hopper (David Harbour), Joyce (Winona Ryder) et Murray (Brett Gelman), trois personnalités toujours très attachantes au demeurant. Peut-être que les frères Duffer souhaitaient à tout prix terminer leur saison sur cette superbe séquence finale où l’on voit le casting réuni, mais cet arc narratif aurait gagné à être plus resserré…

Une saison hors normes

Pourtant, même en cherchant dans ma mémoire les autres éléments qui m’ont déplu, j’ai bien du mal à les exposer au moment de l’écriture de cet article. La série était plaisante sur ses trois premières saisons, sans pour autant être transcendante. Elle a ici trouvé une bascule stupéfiante qui la porte vers de sommets insoupçonnés. Réussir à nous imposer en quelques épisodes un personnage magnifique comme Eddie (Joseph Quinn) est un exemple parmi d’autres. Que ce soit dans l’ambition visuelle, l’ampleur de l’univers, la gestion des rebondissements ou encore (et surtout) l’émotion, cette saison 4 frappe juste et fort. Il y a une telle générosité artistique qu’il est difficile de bouder son plaisir devant ces neuf épisodes allongés qui renforcent cet aspect presque « unique » de l’entreprise. La hype qui a gagné les spectateurs du monde entier est entièrement méritée et compréhensible, portée par une renaissance de grands tubes redécouverts par la jeune génération (je pense bien sûr à Running Up That Hill et Master Of Puppets) et une attache évidente à tous ces personnages que l’on côtoie depuis de nombreuses années.

BAROMETRE SAISON :

Note : 4 sur 5.

La saison 4 de STRANGER THINGS est disponible sur Netflix.

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