Au coeur de l’océan, Ron Howard et l’esprit Melville

Sorti en décembre 2015, alors que le monde entier était en pleine STAR WARS mania, AU COEUR DE L’OCEAN a fait un incroyable flop en rapportant 93 millions de dollars pour un budget énorme de 100 millions. Pourtant, Ron Howard signe un merveilleux spectacle, plein de bruit et de fureur nous laissant sans voix à plusieurs reprises.

Ron Howard nous plonge au coeur de l’océan

Racontée comme un long flash-back, l’intrigue se concentre sur l’Essex, un baleinier qui rencontra le plus grand cachalot imaginable, un monstre mythologique faisant chavirer les navires. Inspiré de MOBY DICK, le célèbre roman de Herman Melville (qui sert ici d’introducteur) est remarquablement exposé et mis en scène. Ron Howard, réalisateur de APPOLO 13, DA VINCI CODE ou encore du génial RUSH, montre tout son talent de narrateur et de cinéaste lors de séquences inouïes de puissance. Il joue sur une figure admirable, tel que le voit le narrateur, un gamin qui avait quatorze ans lorsqu’il a embarqué pour cette aventure : le capitaine en second, superbement incarné par un Chris Hemsworth engagé. Il est filmé ici comme un héros, puissant et viril, n’hésitant pas à prendre des décisions dures pour le

bien de tous.

Mais plus que le morceau de bravoure attendu (la destruction du baleinier par le cachalot géant), c’est la deuxième partie qui nous met K.O. Devant recourir aux pires actions imaginables pour survivre en pleine mer à l’aide de simples barques équipées de rames, les marins finissent par dépérir dans une puissante imagerie, entre corps desséchés, soleil de plomb et tempête dévastatrice. Reste ce moment d’une poésie grandiose, ce regard entre Chase, le capitaine en second et le cachalot.

Un spectacle old school

Aidé par une très belle partition de Roque Banos, AU COEUR DE L’OCEAN fait partie d’un cinéma comme on n’en fait plus, généreux et larmoyant, beau et flottant à la fois, doublé du constat imparable entre la supériorité de la nature et notre place, toute petite et fragile. Il aura beau parfois souffrir d’effets spéciaux trop visibles et d’une tension entre les hommes un peu édulcorée, le film de Ron Howard reste une grande réussite qui prendra toute sa place avec le temps dans le prolongement de l’oeuvre de Herman Melvill. Ainsi qu’une certaine idée du mythe américain avec tout ce qu’il regorge d’ambition et d’arrogance.

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