Le prestige, un tour de magie signé Christopher Nolan

Pour de nombreux cinéphiles, LE PRESTIGE reste encore aujourd’hui le meilleur film de la carrière du réalisateur Christopher Nolan. Vrai ou pas, chacun possède son propre avis sur la question (et c’est tant mieux). Au-delà de ce débat, reconnaissons la maestria indéniable du film, que ce soit en termes d’écriture, de mise en scène ou de jeux d’acteurs.

Robert Angier (Hugh Jackman) et Alfred Borden (Christian Bale) sont deux magiciens surdoués, promis dès leur plus jeune âge à un glorieux avenir. Une compétition amicale les oppose d’abord l’un à l’autre, mais l’émulation tourne vite à la jalousie, puis à la haine. Devenus de farouches ennemis, les deux rivaux vont s’efforcer de se détruire l’un l’autre en usant des plus noirs secrets de leur art. Nolan adapte ici un roman de Christopher Priest, ce dernier ayant été impressionné par les précédents films du cinéaste,

FOLLOWING et MEMENTO. À cause des nombreux projets qui s’accumulent, Christopher et son frère Jonathan écrivent le scénario du film durant quatre longues années. Le duo ne parvenait pas à trouver la bonne formule pour adapter le texte de Priest et s’est heurté à la difficulté même du point de vue. Il faut dire que le livre s’avère assez complexe structurellement parlant, avec des regards changeants, des mises en abyme, et plus largement dans la tonalité globale de l’histoire. Ils décident alors de se recentrer sur trois thèmes qui représenteront les trois actes du film : la promesse, le tour et le prestige.

Fait amusant, les deux acteurs principaux Hugh Jackman et Christian Bale ont montré leur intérêt auprès de Nolan pour jouer dans le film. Alors qu’il vient de le diriger dans BATMAN BEGINS, le cinéaste n’avait pas pensé à Bale pour le rôle de Borden. Toutefois, il ne se fera pas prier et l’engagera rapidement, convaincu par la palette de jeu extraordinaire que ce comédien possède. Grand bien lui a pris, tant la prestation de Bale est d’une justesse incroyable. La rivalité des deux magiciens est d’ailleurs parfaitement décrite et amenée grâce à l’habileté d’un scénario qui nous malmène du début à la fin. Nolan trouve ici un équilibre triomphant entre complexité et limpidité, ne succombant jamais à la facilité ni à une inutile intellectualisation abusive de son propos. Là où le cinéaste a pu parfois paraître abstrait, il aboutit ici à une oeuvre magistrale.

LE PRESTIGE reste l’un des films les moins rentables du cinéaste, mais ne fut pas un échec pour autant puisqu’il rentra dans ses frais (109 millions de dollars de recettes pour 40 millions de budget). Il enchaînera ensuite avec THE DARK KNIGHT puis son hit INCEPTION qui le fit entrer dans une nouvelle dimension.

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