Peaky Blinders saison 6, le crépuscule de Thomas Shelby

On referme difficilement le livre, mais celui-ci s’achève sans fanfare ni héroïsme. PEAKY BLINDERS fut une série souvent flamboyante, magistralement interprétée et parfaitement réalisée. Cette sixième et ultime saison m’a complètement pris à contre-pied (probablement comme beaucoup d’entre vous) et je me suis senti désarçonné en plein milieu de celle-ci par l’aspect implacable qu’elle semblait visiblement avoir perdue. PEAKY BLINDERS a toujours avancé avec une ingéniosité bluffante et on se retrouvait ici avec une longue intrigue très noire, triste, crépusculaire.

Si vous n’avez toujours pas vu cette saison, je vous conseille vivement d’arrêter la lecture de l’article !

Puis, l’évidence saute aux yeux. À l’instar de cette longue séquence entre Thomas et son frère Arthur dans un sous-sol, cet ultime segment résonne comme un chant du cygne d’un monde désormais plus fou que celui des Shelby. La montée du fascisme, les dirigeants intouchables et obsédés par la toute-puissance, la soumission des peuples, Thomas Shelby ne peut plus lutter face à des Hommes plus implacables et insidieux que lui. Son trépas semble proche et ce n’est pas un futile twist final qui changera les choses : il traverse ici son chemin de croix sur lequel culmine la mort de sa fille, sommet élégiaque de la mi-saison. Parce que Thomas a beau se battre contre des légendes ou des mythes, la fatalité l’a ici rattrapé. Et c’est même certainement ce mot qui représente le mieux cette sixième saison : la fatalité.

Non, cette fin n’est pas décevante. Elle est logique, immuable, imperturbable. Les temps des négociations et des guerres de territoire sont finis, ceux du changement ont sonné. Les scènes s’étirent, la mise en scène (magnifique encore une fois) joue des contrastes et de la lumière pour appuyer la noirceur du récit. On attend toujours cet instant où Cillian Murphy, de son regard fascinant, va dégainer la phrase ou le plan qui va tout changer. Mais rien ne vient, parce que plus rien n’est à gagner. Les Shelby sont déjà morts, en témoigne un aîné qui se morfond dans la drogue. Arthur est lui aussi une ombre qui n’avance plus, incapable de raisonner ou de trouver une raison de vivre. Tout résonne vide et c’est dans ce sens où cette saison est fascinante : le plafond de verre a été atteint et le monde n’est plus le même. Les Peaky Blinders n’ont alors plus de raison d’être.

C’est triste de refermer ce livre (même si un film est encore prévu), mais nécessaire. PEAKY BLINDERS fut une série marquante à plus d’un titre et Cillian Murphy a trouvé l’un des plus beaux rôles de sa carrière. Mieux vaut s’arrêter avec les honneurs que de lasser le public, un phénomène que beaucoup de séries ont malheureusement expérimenté…

BAROMETRE SAISON :

Note : 4 sur 5.

PEAKY BLINDERS est actuellement disponible sur Netflix.

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