Papillon, l’histoire d’une production compliquée

Véritable chef-d’oeuvre célébré et qui va bientôt fêter officiellement ses 50 ans (il est sorti le 16 décembre 1973 aux USA), PAPILLON est le genre de film auquel on ne touche pas, malgré la tentative de remake par Michael Noer en 2017. 

Un succès d’édition

En 1969, dès la sortie du bouquin écrit par le français et ancien bagnard Henri Charrière, un projet d’adaptation est déjà lancé suite au grand succès du roman. Plusieurs producteurs hexagonaux s’y intéressent. Mais l’éditeur Robert Laffont décide d’emblée que le projet se fera en langue anglaise pour obtenir un maximum de visibilité à l’international. Une société d’Outre-Atlantique tenue par Walter Reade obtient les droits, mais revendra finalement ces derniers au producteur français Robert Dorfmann (qui sort du

succès du film LE CERCLE ROUGE). Celui-ci choisit d’emblée Franklin J.Schaffner pour mettre en scène l’adaptation qui se nommera, à l’instar du roman, PAPILLON. Il faut dire que le cinéaste sort alors de deux triomphes au box-office : le choc LA PLANETE DES SINGES en 1968 et PATTON en 1970 qui reçoit de nombreuses distinctions.

À la recherche du bon casting

Rapidement, des discussions s’engagent entre le cinéaste, l’auteur, le producteur et l’éditeur pour le choix délicat de l’acteur qui incarnera Papillon. Plusieurs noms sont mis sur la table, mais c’est surtout celui de Jean-Paul Belmondo qui ressort en tête même si l’auteur du livre verrait bien Alain Delon. Pourtant, un virage à 180 degrés sera pris et l’idée de proposer le projet à la mégastar Steve McQueen commence à émerger. L’acteur est enthousiaste et donne son accord pour incarner le personnage principal d’un film qui se veut très ambitieux. Le chef opérateur Fred Koenekamp est imposé par Schaffner suite à leurs succès communs sur LA PLANETE DES SINGES et PATTON.

Dustin Hoffman, propulsé lui aussi sur le devant de la scène avec LE LAUREAT en 1969, est ensuite sélectionné pour incarner le personnage de Louis Dega, compagnon de Papillon. Son rôle est étoffé pour que le film fonctionne sur la base d’un duo, l’épaisseur de protagoniste secondaire donnant une plus grande force au personnage principal. Le tournage peut alors démarrer le 23 février 1973 avec un calendrier serré. L’équipe se tourne vers la Jamaïque pour mettre en boîte les prises de vues, les bagnes de Guyane ne permettant pas de réaliser le film sur place.

Conflits et tournage difficile

De nombreux soucis commencent à éclore sur place notamment en ce qui concerne les figurants. Effectivement, en Jamaïque, les habitants ont principalement la peau noire, ce qui pose donc un souci avec l’intrigue censé se dérouler en Guyane. La production devra donc affairer des membres de la colonie allemande pour jouer les figurants ! Un imbroglio qui agace de nombreux membres de l’équipe technique. Pire, la présence de l’écrivain

Steve McQueen et l’écrivain Henri Charrière sur le tournage

Charrière en tant que consultant agace. Payé une fortune pour endosser ce rôle, il n’hésite pas à lancer de nombreuses piques à Steve McQueen et à le traiter de « gonzesse« . Une explication a lieu entre les deux hommes, McQueen arguant qu’il n’est qu’un acteur et qu’il fait son maximum pour retranscrire ce qu’un bagnard peut subir et ressentir. Finalement, leur relation se terminera bien et l’écrivain félicitera même la star à sa manière en lui répliquant. « Mon petit, tu es un vrai mec !« . (Ci-contre, l’une des rares photos des deux hommes sur le tournage).

Malgré tout, Charrière sera déçu du film, pointant du doigt la vérité faussée de sa propre personne qu’il trouvait plus courageuse, plus forte et plus virile. Malheureusement, l’auteur décède le 29 juillet 1973 et ne verra donc pas l’avant-première organisée…le 30 juillet. Produit pour 12 millions de dollars, PAPILLON est un véritable défi remporté haut la main par Schaffner qui tient son imposant planning de production. Le film sort le 16 décembre 1973 aux Etats-Unis et sera un véritable triomphe avec plus de 53,6 millions de dollars (ce qui reviendrait, aujourd’hui, à amasser 279,032 millions !). En France, la réunion de McQueen et Hoffman rassemble 3 852 023 spectateurs.

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