Brimstone, une oeuvre noire et désespérée

Il y a ces films qui passent tellement inaperçus que ça en devient troublant. Le long-métrage réalisé par Martin Koolhoven fait partie de cette classe, de ceux qu’on a oubliés, sacrifiés dans les dix sorties de la semaine. Dix-sept salles. Voici ce à quoi BRIMSTONE à eu le droit lors de sa sortie en 2017.

Un film puissant

Grandiose, déchirant, malsain, perturbant, émouvant, décrire ce film revient à n’utiliser que des mots isolés avant de regarder delà. En quatre parties déconstruites par le temps, le cinéaste entraîne son personnage principal, Liz, dans un combat pour sa vie, malmenée par des hommes attirés par son physique et ce qu’elle représente. Volontairement opaque, BRIMSTONE laisse son spectateur dans la perplexité ainsi que sur le chemin de l’habitude avec ce révérend qui agit comme un personnage étrange qui vient troubler toute une ville. Un semblant de western qui s’achève dans le sang avant d’enchaîner sur la deuxième partie. On comprend alors que le chemin nous sera retracé depuis le début. L’innommable sera alors révélé.

Histoire de montages

Percutant dans son discours, on est d’abord ici dans une approche noire de l’âme humaine. Même s’il se passe dans un autre siècle, cette histoire se veut bien moderne notamment en ce qui concerne la place de la femme et de l’intégrisme religieux. Comment décrire le comportement de l’employeur d’un bordel qui autorise tout et n’importe quoi à ses clients, même la violence faite aux prostituées ? Koolhoven montre cette violence, crue et choquante en partant parfois un peu trop loin. Il s’autorise les pires atrocités, mais son but reste le même à savoir montrer la femme régit par les lois des hommes. Un constat évident avec la mère de Liz, jouée par Carice Van Houten (GAME OF THRONES), dominée par un mari religieux qui est en fait le prêcheur du début ! On comprend alors qu’il est le père de Liz. Guy

Pearce est impressionnant dans la peau d’un homme consommé par ses croyances et ses impulsions démoniaques qu’il dit s’autoriser au nom de Dieu. C’est là que les deux thèmes se rejoignent, montrant au passage comment le fanatisme religieux peut-être très dangereux quand il est exploité par des personnes hantées par de mauvaises intentions. Toutes les scènes entre le prêcheur et sa femme sont un sommet de tension, toutes étant imprévisibles et malaisantes. Surtout, on anticipe au fil des minutes ce qui va finalement se passer et cette montée progressive étouffe littéralement le spectateur.  

Une oeuvre à redécouvrir

Magnifique dans son travail sur l’image, le cinéaste soigne sa direction artistique quitte à en faire trop (la dernière partie aurait mérité plus de retenue), mais qu’importe, son film emporte largement l’adhésion et se révèle être un sacré électrochoc dominé par des acteurs incroyables. Dakota Fanning joue son meilleur rôle ici, mélange de force et d’émotivité, mais c’est bien Emilia Jones qui nous terrasse, elle qui joue le même personnage que Fanning mais avec dix ans de moins. Un film poignant qu’il est fortement recommandé de rattraper si vous ne l’avez jamais visionné.

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