La grande illusion, Jean Renoir et sa quête de liberté

L’une des oeuvres les plus universelles sur la première guerre mondiale à l’aube… de la seconde guerre mondiale. Nous sommes en 1937 et Jean Renoir filme donc la « génération 14 », traumatisée et hantée par la guerre. 

LA GRANDE ILLUSION est une histoire de fuite, de recherche de la liberté mais toujours rattrapée par les douleurs du conflit. L’intrigue se pose en 1916, sur le front allemand, où deux officiers français, le capitaine d’Etat-Major de Boïeldieu (Pierre Fresnay) et le lieutenant d’aviation Maréchal (Jean Gabin) se retrouvent prisonniers dans un oflag. Leurs compagnons de captivité sont un instituteur, un ingénieur du cadastre, un acteur et un juif, Rosenthal. Les différences de classe tombent et la vie s’organise entre tous, dans la bonne humeur. Mais le désir de tout le monde est de s’échapper. 

Issu d’une famille d’artistes, ayant abordé le cinéma dés 1924, Jean Renoir s’est affirmé comme l’un des plus grands réalisateur français de tous les temps. Avec sa forte philosophie personnelle et son génie de l’improvisation, Renoir transcende les intrigues et les genres, des plus vulgaires aux plus raffinés. 

Dans LA GRANDE ILLUSION, Renoir et son scénariste Charles Spaak se souviennent de leur génération (la fameuse « génération 14 ») qui a été durement marquée par cette terrible guerre, de la captivité aux brassages des castes. Il cherchent à exprimer leur croyance profonde dans l’égalité et les fraternités. Par conséquent, certaines scènes fonctionnent comme des morceaux de vie très

humains, à la limite de la comédie. Tout l’équilibre du film se retrouve dans cet hymne à la tolérance face aux horreurs du front. LA GRANDE ILLUSION est donc profondément optimiste où les frontières sont une abstraction absurde, le nationalisme une illusion et que l’amour forge tout même s’il n’est qu’un répit dans la tourmente. Une richesse idéologique et une interprétation parfaite (Jean Gabin, probablement le plus grand comédien français) qui font de ce film un chef d’oeuvre intégral qui trouve un écho particulier à notre époque où la simplicité semble s’abandonner au profit du pouvoir. 

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