Rashomon, une histoire de point de vue chez Akira Kurosawa

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L’importance du douzième film d’Akira Kurosawa est considérable. En effet, voilà une oeuvre qui est parvenue à traverser les limites de son territoire, faisant « découvrir » le cinéma japonais dans les contrées occidentales.

RASHOMON est d’une richesse incommensurable et se pose en pilier de la narration aux points de vues divers. Nous sommes ici dans la campagne japonaise au Xème siècle, durant la guerre civile. Un bûcheron (Takashi Shimura) et un bonze (Minoru Chiaki) devisent sous le porche d’un temple, méditant sur la dureté des temps. Ils se souviennent d’un procès qui vient d’avoir lieu, et où furent confrontés quatre relations contradictoires d’un sanglant événement. Un samouraï et sa femme, alors qu’ils se promenaient dans la forêt, ont été agressés par un bandit de grand chemin, le féroce Tajomaru (l’éternel Toshiro Mifune). Que s’est-il réellement passé ? Chacun des protagonistes a sa version des faits.

La filmographie d’Akira Kurosawa possède une oeuvre qui se partage entre films d’inspiration historique et sujets contemporains. On y ressent toute l’influence des formes théâtrales traditionnelles, comme le nô et le kabuki qui signifient respectivement le drame lyrique et le drame populaire. Le réalisateur est un sentimental et c’est pour cela que son cinéma est restée d’une force absolue. Il ne se contente pas d’étudier le monde avec une distance ou un regard froid, il s’implique émotionnellement.

Cet élan, on le retrouve dans beaucoup de ses films comme LES SEPT SAMOURAÏS ou encore RAN. RASHOMON est un vecteur de sensations fortes, de souffle, de modernité. En 1951, il remporte le Lion d’Or à la Mostra de Venise puis l’oscar du meilleur film en langue étrangère quelques mois plus tard. Kurosawa est soudainement exposé et glorifié. En terme de cinématographie pure, RASHOMON reste l’un des plus grands chefs-d’oeuvre de tous les temps, porté par des plans d’une beauté à couper le souffle. Tout comme le récit dont la structure inspirera des dizaines et des dizaines d’oeuvres à travers le monde. Même si le remake, intitulé L’OUTRAGE (avec Paul Newman et réalisé en 1964 par Martin Ritt), ne démérite pas, il est loin d’égaler la beauté crépusculaire du film originel de Kurosawa.

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