Hostiles, un western puissant signé Scott Cooper

Le western ne meurt jamais. Les grands espaces américains et les questionnements profonds de toute une nation ont conservé leur place malgré un succès décroissant. On est loin des premiers films manichéens de ce genre si populaire dans les années 40 à 60 pour se rapprocher d’une vérité presque universelle sur la condition humaine hantée par une violence indicible. HOSTILES est de ceux-là. 

Trois personnages

Un Indien, un capitaine de cavalerie et une femme ayant perdu sa famille suite à

une attaque de Comanches. Voici le postulat de départ du nouvel opus de Scott Cooper après l’exceptionnel LES BRASIERS DE LA COLERE et le très bon STRICTLY CRIMINAL. Avec ces trois personnages, le cinéaste donne donc trois points de vues à son histoire et autant de raisons à chacun de détester l’autre. La suspicion est de tous les instants tandis que chaque Homme est imprévisible. La Terre est le fondement même du western et la colonisation blanche sa thématique. Chacun est face à ses erreurs, tous veulent leur rédemption qui ne sera pas facile à atteindre. HOSTILES brûle d’une rage interne flamboyante où on ressent chaque faute, chaque acte alors qu’on ne les voit pas à l’écran. Des regards suffisent, des gestes parlent. 

Plutôt taciturne, l’intrigue de Scott Cooper n’a pas réellement d’antagoniste. Tout le monde a une part de responsabilité. Ainsi, la séquence d’introduction, la plus brutale qu’on ait vu depuis longtemps, donne le ton et nous annonce que rien ne sera facile. Rien ne l’est d’ailleurs quand on extermine un peuple pour acquérir ses terres entraînant forcément une vive réaction.

Christian Bale au sommet

Dans le rôle du capitaine qui semble mort à l’intérieur, Christian Bale est le pilier du film. Ce dernier est tout simplement terrassant dans la peau de ce soldat qui a commis des actes innommables. Il ne vit que pour tuer l’autre dans une recherche presque réelle de la mort (un superbe dialogue l’explicite d’ailleurs, parlant de l’immuabilité de la grande faucheuse). Il faut voir son regard fiévreux, abattu et haineux, sa démarche qui porte tout le poids d’un passé insoutenable. La vie l’a déjà quitté, si bien qu’il avance pour avancer et qu’il tue pour tuer. Son esprit est devenu primaire et ses instincts le guident plus que sa raison. Bale parvient à donner toute cette ampleur à un personnage qui aurait pu sombrer dans un archétype. C’est un peu ça d’être l’un des meilleurs acteurs de sa génération, on parvient à embellir chaque rôle. En face, le toujours génial Wes Studi (DANSE AVEC LES LOUPS) joue très bien sa partition. Rosamund Pike, de son côté, incarne une mère au bord de la folie qui va revivre avec ce qui lui reste de force aux côtés du capitaine. 

Lent et contemplatif, HOSTILES reste un vrai western, paysages immenses à perte de vue filmés à l’aide de longs panoramiques. Visuellement très réussi, le long-métrage est rempli de tension et s’achève magnifiquement. Cooper en rajoute peut-être un peu à mi-parcours avec l’arrivée d’un personnage somme toute peu utile. Mais une vive émotion nous traverse alors à la fin de la séance à l’instar de ce dernier plan d’une pudeur poignante. HOSTILES se vit aussi dans la réflexion d’après visionnage.

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