Midnight express, la tragédie poignante d’Alan Parker

La carrière d’Alan Parker est parsemé de grands films. On oublie trop souvent la force de son cinéma et les images durables qu’il a imprimées dans nos cerveaux de cinéphile. Avec MIDNIGHT EXPRESS, il a réalisé son oeuvre la plus dure et la plus poignante.

Divergences artistiques

Le film s’inspire de l’autobiographie écrite par Bill Hayes. C’est Oliver Stone, encore inconnu à l’époque, qui écrit le scénario. Celui-ci séduit Parker même si l’entente entre les deux hommes n’est pas forcément des plus chaleureuses, la faute à des divergences d’opinion assez marquées. Cependant, cette relation n’altère en rien la production du film qui porte son intérêt sur Richard Gere pour interpréter le rôle principal du film. Le cinéaste sera assez réservé sur le comédien et les producteurs lui proposeront alors Dennis Quaid et Brad Davis. Le second impressionnera tout le monde par sa vulnérabilité. 

Le tournage débute ensuite le 12 septembre 1977 et le rythme y est infernal. Restreint par son budget, l’ensemble des prises de vues ne doit pas excéder 53 jours. L’équipe doit alors travailler six jours sur sept dans une ambiance particulière où l’humidité et la chaleur dominent. Les scènes sont également difficiles à mettre en place à cause de l’implication émotionnelle et physique qu’elles demandent. Au bout de l’aventure, Brad Davis, poussé dans ses retranchements par le cinéaste, est lessivé. 

Un film qui ne fait pas l’unanimité

Considéré comme un chef-d’oeuvre aujourd’hui, MIDNIGHT EXPRESS divise fortement à sa sortie. Même si les critiques sont plutôt élogieuses, la question sociale prédomine. Le gouvernement turc,

furieux de la vision négative démontrée par le film, qualifiera ce dernier de « raciste ». Il n’avait d’ailleurs pas accueilli le tournage, la production devant se délocaliser à Malte. Les tensions entre la Turquie et les Etats-Unis vont alors se renforcer durant un temps. Selon une étude (menée par les turcs eux-mêmes), le film aurait eu un impact négatif sur le tourisme local. D’ailleurs, MIDNIGHT EXPRESS sera interdit de diffusion durant 15 ans là-bas ! Malgré tout, en 1978, le film ouvrira d’importantes négociations sur l’échange de prisonniers entre les deux pays. Ou quand la culture ouvre des débats importants au sein des sociétés.

Pointé du doigt, le scénario de Stone sera renié par Hayes lui-même. Ce dernier repartira au pays en 2007 en présentant ses excuses au gouvernement pour la vision exagérée du film. Il admet sa part de responsabilités tout en précisant qu’il n’avait pas retranscrit sur papier une telle expérience. De son côté, Stone a avoué avoir surdramatisé son histoire lors d’un voyage en Turquie en 2004. Le seul résistant ? Alan Parker qui déclarera : « Je ne m’excuserai jamais, non. Je suis fier de mon film, nous avons conçu une oeuvre particulière et si les gens parlent du film autant d’année après, c’est que l’on a fait quelque chose de bien ! ». On ne saurait dire le contraire.

Le film est actuellement disponible sur Filmo.

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