Le dernier Samouraï, l’épique des grandes époques

Prenant volontairement des libertés avec l’Histoire, Edward Zwick n’en réalise pas moins une superbe odyssée impressionnante et humaine avec LE DERNIER SAMOURAÏ, qui raconte un Japon coincé entre deux pans, celui de sa culture et du modernisme.

Tom Cruise en Samouraï

 

Nathan Algren est incarné par un Tom Cruise au sommet de son

charisme notamment lorsque la caméra se pose sur son regard changeant au fur et à mesure qu’il comprend les règles des samouraïs. C’est d’abord l’acteur qui façonne notre entrée dans le film avec ce personnage hanté par les crimes de guerres contre les Sioux et en particulier les massacres de familles innocentes. En soi, le héros n’en est pas un et sa condescendance envers le Japon est dés le début assumé. Il n’est là que pour l’argent et ne comprend pas les règles de ce pays où le samouraï défend l’Empereur, mais qu’il faut quand même les abattre sur ordre de celui-ci. Il n’existe plus rien au fond de lui, c’est un homme faible et désincarné qui n’est là que pour l’argent lui permettant de payer ses bouteilles d’alcool. 

Un film puissant

Avant d’être un film épique, LE DERNIER SAMOURAÏ est un parcours initiatique. Le scénario s’avère particulièrement intéressant dans sa manière d’interagir avec le spectateur. Il capte les pensées de ce dernier pour l’interroger sur son propre regard envers un pays compliqué qui ne sait pas lui même où aller. L’occidentalisation est alors brutale, guerrière, imposante. Zwick montre les ravages d’une telle intrusion, armes lourdes à l’appui quand les autres se battent avec des épées. Conjonction de deux événements historiques ayant réellement existé (la rébellion de Satsuma en 1877 et la guerre de Boshin qui installa la dynastie Meiji à la tête du Japon), le film n’a donc pas la volonté d’être exhaustif et, en se débarrassant de ce poids historique, libère ses personnages et son intrigue qu’il peut dès lors mener comme bon lui semble. Evidemment, certains pourront regretter ce révisionnisme hollywoodien, mais c’est un problème mineur puisque le long-métrage interroge notre point de vue plus que notre connaissance de l’Histoire. 

Au-delà du fond, tout est assez majestueux chez Edward Zwick. Les décors, la superbe bande-son de Hans Zimmer, les batailles, les costumes, la durée. Il maintient durant 2h35 un véritable rythme même quand il se veut plus onirique lorsque Algren embrasse totalement la cause de Katsumoto (génial Ken Watanabe). Avec une touche de romantisme (avec la superbe Taka), LE DERNIER SAMOURAÏ parfait son aspect grand spectacle au coût de 140 millions de dollars, somme énorme en 2004, l’année de sortie. Il a cette vraie saveur d’un spectacle à l’ancienne, faisant référence aux épopées de Cecil B. Demille, Kurosawa ou encore David Lean. L’ironie c’est que quinze jours auparavant sortait MASTER AND COMMANDER, film tout aussi épique de Peter Weir à qui on avait confié, d’abord, LE DERNIER SAMOURAÏ. Deux spectacles dans la même veine, ressuscitant l’âme d’un Hollywood rêveur (mais intelligent). Carton au box-office (455,3 millions de dollars de recttes mondiales), le film réalisé par Edward Zwick est encore plus beau avec le temps !​

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