West Side Story, un remake virevoltant et fidèle signé Spielberg

Ayant raté sa sortie en salles, l’auteur de ces lignes s’est rattrapé avec l’édition blu-ray 4k du film projeté par le biais d’un projecteur BenQ recréant idéalement les conditions d’une séance de cinéma. Il fallait au moins pour profiter à plein du gigantisme visuel d’un film parfaitement maîtrisé qui vient confirmer que Steven Spielberg peut tout faire avec la même aisance.

Pourtant, la tâche était forcément ardue. Reprendre l’une de ses oeuvres adorées pour la remettre au

goût du jour est toujours restée l’un de ses vieux rêves qu’il a désormais exaucé. Fidèle au chef-d’oeuvre de Robert Wise, ce WEST SIDE STORY version contemporaine parvient miraculeusement à transporter cette histoire à notre époque. Dès cette longue envolée introductive où la caméra nous décrit une ville abîmée et fragmentée, Spielberg décide d’user de ses qualités de cinéaste pour époustoufler les spectateurs. L’introduction devient rapidement une leçon de cinéma qui décompose chaque mouvement avec une minutie formidable, décrivant dans un seul geste la personnalité de ses protagonistes avec une fulgurance inouïe. En démarrant sur les chapeaux de roues, le cinéaste prend le risque de mettre la barre à une telle hauteur qu’il est potentiellement difficile de l’atteindre une nouvelle fois durant les deux heures suivantes.

C’est évidemment mal le connaître, lui qui nous a régulièrement offerts des morceaux de bravoure inoubliables. Si d’autres séquences sont formidables, je pense que celle du bal est la plus époustouflante de l’ensemble. On peut s’émerveiller devant tant de maîtrise, que ce soit dans la gestuelle, dans le rythme ou l’effervescence visuelle. Au centre de tout, la rencontre entre Tony (Ansel Elgort) et Maria (Rachel Zegler), agrémentée des fameux lens flares, la touche typiquement spielbergienne. La réalité s’enferme dans une capsule romantique qui rend à WEST SIDE STORY son aspect joliment artificiel et pourtant paradoxalement pertinent. Si l’amour reste le coeur battant du

scénario, c’est la réflexion sociale et psychologique qui détonne le plus. En questionnant le rêve américain et en replaçant la violence au centre d’un ridicule combat de territoire, le récit baigne dans une ambiance douce-amère que l’infatigable cycle de la mort ne fait que confirmer. En outre, quelques scènes fortes sont frappantes, comme cette séquence dure dans laquelle Anita est sur le point de se faire violer par les Jets.

Pour servir son propos, Spielberg a choisi d’excellents acteurs avec une mention spéciale pour Ariana DeBose qui incarne Anita avec une conviction folle. Aussi à l’aise dans les chorégraphies que dans l’émotion, elle illumine chacune de ses scènes et contraste avec la nature presque angélique de la jeune Rachel Zegler qui devrait exploser dans les années à venir. Quant à Ansel Elgort, il confirme son aisance en rajoutant le chant et la danse à son éventail. Tous ces talents combinés nous offrent une partition magistrale qui, si elle n’évite pas les longueurs, parvient sans mal à se hisser au niveau de son aîné. Et ce n’est pas un mince exploit.

AVIS GLOBAL : Une relecture superbe et visuellement impressionnante pour une histoire toujours aussi pertinente à notre époque. Steven Spielberg a réalisé l’un de ses vieux rêves avec une générosité épatante.

NOTE :

Note : 4.5 sur 5.

WEST SIDE STORY est actuellement disponible en vidéo et VOD sur Rakuten Tv.

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