On entend un peu partout dire que les salles de cinéma s’effondrent et que les entrées sont bien plus faibles qu’avant COVID. En l’état, cette phrase n’est pas fausse. Dans les faits, il faut tout de même nuancer ces propos.
En trois mois, les salles françaises ont donc rassemblé 36,90 millions de spectateurs. On ne va pas comparer ces chiffres avec 2021 (les salles étaient fermées) et 2020 (qui a été amputée d’une bonne partie du mois de mars). Cela nous place donc en 2019, qui avait totalisé 59,1 millions d’entrées en trois mois. La baisse est donc bien présente, y compris avec les trois années antérieures : 2018 (61,6 millions), 2017 (60,9 millions) et 2016 (62,4 millions, record absolu pour le premier trimestre). Clairement, 2022 est une année de transition et de reconstruction. Il y a bien sûr la concurrence du streaming, mais également les calendriers de productions qui furent largement remaniés à cause du COVID en 2020. Il faut savoir que les films mettent, en moyenne, deux ans à se faire (de l’écriture au
montage final) et que les conséquences de la pandémie s’étaleront sur toute l’année. On parle ici d’une période encore compliquée pour le secteur des loisirs (dont le cinéma fait partie) qui a subi l’obligation du pass sanitaire durant de longues semaines et l’augmentation globale du coût de la vie. Il y a une dynamique à retrouver, la même qui poussera de nouveau la population à se déplacer un peu plus.
Au-delà de tout contexte sociétal, le cinéma reste l’une des sorties les plus appréciées des français. Le débat (lassant) du streaming dominant les salles est, pour moi, un non-sens. Les deux secteurs vont se compléter, mais la salle de cinéma restera un moment unique de partage. Même si, entre nous, des efforts doivent être faits de la part des exploitants pour améliorer le confort des séances qui sont régulièrement gâchées par des petits malins… En ce premier trimestre, on a également vu beaucoup de films décaler leurs sorties (un acte compréhensible au vu de la situation sanitaire), ce qui nous a donnés trois mois assez faibles en terme de sorties porteuses.
Pour le moment, c’est THE BATMAN qui tient le haut du tableau avec 2 813 946 entrées. Très attendu, ce nouvel opus n’a pas déçu malgré sa grande durée (trois heures). Les blockbusters sont toujours à l’honneur puisque UNCHARTED est deuxième avec 2 413 999 tickets vendus. Les troisième et quatrième places sont occupées par deux comédies made in France : MAISON DE RETRAITE (1 951 860 entrées) et SUPER-HEROS MALGRE LUI (1 816 244 spectateurs réunis pour la bande à Fifi). Le top 5 est bouclé par un film d’animation, VAILLANTE (avec 1 279 274 entrées). Des leaders qui ne changent pas beaucoup de ceux d’avant-COVID : les blockbusters, les comédies et l’animation ont, depuis toujours, été les rois du box-office. Néanmoins, pour qu’un marché soit faste, il faut que les seconds couteaux tirent leur épingle du jeu. On en sauvera trois d’entre eux : GOLIATH (qui en est, pour le moment, à 681 849 entrées), ADIEU MONSIEUR HAFFMAN (qui a totalisé 726 887 tickets vendus) et UN AUTRE MONDE (le film de Stéphane Brizé a réussi à atteindre les 473 107 entrées, et ce n’est pas terminé). Les autres ont déçu : NIGHTMARE ALLEY, le film de Guillermo Del Toro, est un échec mondial (la France ne l’a pas épargné avec 401 264 tickets vendus) et poursuit cette mauvaise période pour les réalisateurs reconnus (après Eastwood et Spielberg ). LES VEDETTES, le film du Palmashow, s’est planté (351 014
entrées quand le précédent, LA FOLLE HISTOIRE DE MAX ET LEON, avait réuni plus de 1,2 million de spectateurs), MOONFALL est le pire score de Roland Emmerich côté blockbuster (seulement 342 251 entrées), SCREAM a réalisé les moins bons chiffres de la saga (s’arrêtant à 539 770 entrées quand le quatre, qui était déjà le moins bon, avait totalisé 1 070 890 tickets vendus) tandis que MORT SUR LE NIL a montré l’essoufflement de sa recette (837 065 entrées).
2022 commence donc de manière inégale et ce n’est en rien surprenant. Les mois qui viennent seront importants, mais les sorties restent assez peu nombreuses et n’offriront pas une remontée conséquente pour le deuxième trimestre. Il y aura toutefois quelques grosses pointures (en termes d’entrées) : QU’EST-CE QU’ON A TOUS FAIT AU BON DIEU ? (actuellement en salles), LES ANIMAUX FANTASTIQUES 3 (le 13 avril), DOCTOR STRANGE 2 (le 4 mai), TOP GUN MAVERICK (le 25 mai), JURASSIC WORLD 3 (le 8 juin), BUZZ L’ECLAIR (le 22 juin) et ELVIS (le 22 juin). N’en déplaise aux mauvais esprits, les cinémas sont toujours debout !
