Cry Macho, l’ère crépusculaire de Clint Eastwood

Clint Eastwood, 91 ans, est une légende absolue du 7ème art. Peut-être même la plus grande, lui qui a autant brillé devant que derrière la caméra, sublimant une carrière parsemée de chef-d’oeuvres. On pouvait penser que LA MULE serait son ultime apparition en tant qu’acteur (ce qui aurait été une très belle sortie), mais il a décidé de récidiver avec CRY MACHO, adaptation d’un roman écrit par N.Richard Nash.

Il incarne ici Mike, star déchue du rodéo, se voit confier une mission a priori impossible : se rendre au Mexique pour y trouver un adolescent turbulent, Rafa, (Eduardo Minett), et l’amener jusqu’au Texas. Il lui faudra pour cela affronter la pègre mexicaine, la police et son propre passé. Le pitch est simple et déjà diablement commun. On sait qu’Eastwood est désormais dans la transmission, parlant des sujets dont il a envie comme il le désire. On revoit ici ou là des fragments de GRAN TORINO ou LA MULE, des petites punchlines chères aux personnages qu’il a précédemment interprétés, une émotion à fleur de peau comme si le film devenait le chant du cygne de son auteur. Avec CRY MACHO, nous sommes en territoire connu. Mais est-ce là vraiment un défaut ?

Assurément pas. En puisant constamment dans le classicisme le plus pur, il nous a régulièrement emmenés avec lui vers des sommets émotionnels inoubliables. Ici, le rythme est latent, la dynamique est lente. Il ne faut jamais envisager ce CRY MACHO sous le prisme de la gloire passée. Le soleil qui se couche, les grandes étendues naturelles, les chevaux, le cow-boy. C’est toute l’imagerie du cinéma

d’Eastwood qui est là devant nos yeux jusqu’aux notes de musique délicates composée par Mark Mancina. Le temps s’écoule au ralenti et les gestes sont difficiles pour un acteur toujours en forme, mais désormais incapable de réaliser de grandes cascades. Un problème qui devient évident lorsqu’il veut muscler son suspense avec quelques séquences qui sonnent un peu creuses. Toute tension est totalement absente de ce récit balisé auquel il manque cruellement de véritables rebondissements. Là où LA MULE parvenait à se hisser en un récit fort sur les regrets et les difficultés d’un homme à être proche de sa famille, CRY MACHO ne parvient jamais à nous toucher entièrement. Toutefois, la relation entre Mike et Marta (Natalia Traven), une veuve, revêt des atours assez mélancoliques et renvoie directement au coeur même du sujet : regarder l’ultime chapitre de sa vie avec amour et passion tout en transmettant son savoir à la future génération.

Si Eastwood a déjà fait mieux dans la catégorie « mentor » (je pense notamment à GRAN TORINO, UN MONDE PARFAIT ou encore MILLION DOLLAR BABY), on s’aperçoit que son savoir-faire reste intact. L’interprétation du jeune Eduardo Minett n’y est pas pour rien et son alchimie avec le mastodonte est très bonne. C’est d’ailleurs par ce prisme qu’il faut apprécier un long-métrage bien imparfait qui reste sublimé par la présence magnifique d’un Clint Eastwood solaire.

AVIS GLOBAL : Forcément, on ne peut s’empêcher d’être un peu déçu de ce CRY MACHO qui aurait pu être un immense film sur la vieillesse et le temps passé. Même s’il ne l’est pas, Eastwood parvient tout de même à nous toucher par la grâce de quelques moments élégiaques.

NOTE :

Note : 2.5 sur 5.

CRY MACHO 1h43

Actuellement disponible en VOD sur Rakuten Tv.

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