Bad Boys, l’avènement de Michael Bay

Nous sommes le 7 avril 1995. Hollywood s’apprête à renouveler d’un seul coup ses têtes d’affiche et son imagerie. Les producteurs Jerry Bruckheimer et Don Simpson font appel à un certain Michael Bay pour diriger une production à plusieurs millions de dollars appelée BAD BOYS. Rien de nouveau sous les projecteurs : un buddy movie où deux flics doivent résoudre une enquête.

BAD BOYS

À l’époque, Will Smith est déjà une star. Enfin, une star du petit écran et du hip-hop, mais pas du cinéma. Quand Martin Lawrence lui demande de l’accompagner pour ce fameux BAD BOYS, l’acteur accepte malgré ses réticences envers un scénario peu travaillé. C’est là que l’étincelle se déclenche. En réunissant deux acteurs Noirs en protagonistes (fait rare à l’époque pour une grosse production) et un jeune loup à la réalisation issu de la publicité, les producteurs viennent de déclencher une détonation qui aura de grandes répercussions.

Après BAD BOYS, Will Smith devient une star tout court et Michael Bay a désormais les coudées

franches. On va bientôt lui offrir des ponts d’or pour ROCK, ARMAGEDDON, PEARL HARBOR. Tous des cartons. Mais rien ne sera comparable à BAD BOYS en terme d’impact. Sa mise en scène et son montage vont bientôt devenir le nouveau baromètre des superproductions hollywoodiennes. Souvent pour le pire, parfois pour le meilleur. Bay invente un nouveau langage, trouve d’étranges emplacements pour sa caméra, resserre au maximum ses plans dans des coupes brutales. Il envoie valser les conventions dans des dialogues souvent hilarants (merci au duo Lawrence – Smith) et respecte son intrigue (même mince) avec un antagoniste savoureux incarné par Tchéky Karyo. Le film est un carton mondial (143,4 millions de dollars amassés pour 20 millions dépensés), mais la suite n’arrivera que huit ans plus tard.

BAD BOYS 2

Michael Bay a pris du galon et a parfait son art. Après l’incroyable morceau de bravoure de PEARL HARBOR, il se sent capable de tout faire. BAD BOYS 2 ne sera pas une simple redite du précédent. Comme on ne lui refuse rien, le cinéaste a le droit à une enveloppe de 175 millions de dollars pour mettre en scène cette séquelle qui ne possède absolument aucune limite. L’ensemble est exagérément long (2h27 !), l’humour noir irrévérencieux est partout (cette scène de la morgue est d’anthologie), l’action est aussi omniprésente que pétaradante tandis que la galerie de personnages est encore plus cinglée que l’univers du film ! Tout respire le graveleux et la surenchère, tous les curseurs sont dans le rouge écarlate. Ca passe ou ça casse, comme on dit.

Beaucoup de cinéphiles vont rejeter cette suite trop hardcore. Une partie du grand public aussi. Résultat, les chiffres sont décevants : 273,3 millions de dollars seulement empochés. BAD BOYS 2 c’est l’art de la rupture et le renouveau du style Bay. Comme il l’avait inventé pour le premier opus (qui est aussi son premier opus), il le réinvente dans la suite. Ce Bay 2.0 sera à l’oeuvre dans une saga robotique bigger than life prête à renverser la pop culture. Mais avant ça, il va surprendre son monde avec le mystérieux THE ISLAND…

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