Un témoin dans la ville, la ballade mortuaire de Lino Ventura

Plus connu pour ses comédies (HIBERNATUS, OSCAR et son méga-carton LA CAGE AUX FOLLES), Edouard Molinaro a démarré avec de nombreux films policiers. Son début de carrière fut notamment marqué par LE DOS AU MUR avec Gérard Oury (qui a d’ailleurs co-écrit le scénario d’UN TEMOIN POUR LA VILLE).

En 1959, il tourne avec l’immense Lino Ventura pour un film moralement ambivalent qui va mener le comédien aux limites de sa propre morale. Accusé du meurtre de sa maîtresse, l’industriel Pierre Verdier (Jacques Berthier) a bénéficié d’un non-lieu, faute de preuves. Une nuit, déterminé à venger le meurtre de cette dernière malgré le fait qu’elle l’ait trompé, Ancelin (Ventura), son époux, assassine Verdier à son domicile et camoufle son forfait en suicide. Mais en sortant de chez sa victime, il tombe nez à nez à avec Lambert (Franco Fabrizzi), un chauffeur de taxi, que Verdier venait d’appeler. Le lendemain, Ancelin entreprend de retrouver ce témoin gênant, brave type amoureux d’une opératrice radio de sa compagnie, afin de l’éliminer…

Emballé dans un très beau noir et blanc que l’on doit à l’immense Henri Decaë (probablement l’un des

meilleurs directeurs de la photographie du cinéma français), UN TEMOIN DANS LA VILLE est une plongée saisissante dans l’âme d’un homme tourmenté. Lino Ventura lui prête ses traits avec une force tranquille, comme le grand comédien qu’il était. On n’oubliera pas la prestation subtile de Franco Fabrizzi, un acteur italien qui jouera dans une centaine de longs-métrages, notamment dans LE JOUR LE PLUS COURT de Sergio Corbucci ou encore dans MORT A VENISE réalisé par le grand Luchino Visconti. UN TEMOIN DANS LA VILLE fut un joli succès au box-office (avec plus de 700 000 entrées au box-office), mais Edouard Molinaro était déjà parti vers d’autres horizons, ceux plus légers de la comédie dans une première vraie parenthèse entre deux policiers. Cette parenthèse s’appelait UNE FILLE POUR L’ETE et on ne peut pas dire qu’elle restera dans les mémoires…

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